Térébenthine
6.7
Térébenthine

livre de Carole Fives (2020)

Les livres les plus courts sont parfois les plus frustrants, surtout quand ils sont bons, évidemment. Ce n'est pas le cas de Térébenthine de Carole Fives, qui est excellent, et où la romancière semble avoir fait le tour de son sujet, au point même qu'y ajouter d'autres chapitres aurait semblé superfétatoire. L'impression est d'autant plus forte que Carole Fives est l'une des protagonistes (et la narratrice) de l'histoire qu'elle raconte et qui commence au Musée des Beaux-Arts de Lille. Le récit, centré sur trois étudiants, est une peinture intérieure saisissante d'un enseignement où l'on encourage les installations et les projets conceptuels plutôt que la réalisation de "vulgaires" tableaux, à partir du postulat que "la peinture est morte." Voir comment les personnages de Térébenthine se dépatouillent avec ce dogme, cherchant une voie personnelle, sans pour autant aller à l'encontre du marché de l'art qu'ils lorgnent et préserver leur avenir, constitue une trame initiatique excitante que Carole Fives complète avec certains extraits de cours qui montrent à la fois la morgue des professeurs (et incidemment le machisme de certains) et nous informent de façon intelligente sur les courants artistiques modernes. C'est passionnant car écrit d'une plume souple et vive avec des phrases brèves et rythmées. Le livre raconte aussi une belle histoire d'amitié et une idylle amoureuse inachevée, avec des mots simples et efficaces. Le dispositif peut sembler minimaliste mais le talent d'évocation de la romancière, allié à une sincérité indéniable, confèrent au roman une vérité et une émotion qui prennent vie sur la toile, pardon, dans ses lignes.

Cinephile-doux
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Mes livres de 2020

Créée

le 23 oct. 2020

Critique lue 175 fois

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 175 fois

D'autres avis sur Térébenthine

Térébenthine
FrançoiseCahen
8

Histoires de Beaux Arts, petites et grande

Ce nouveau roman de Carole Fives, tout en légèreté, réussit à parler de l'histoire de l'art, de la question de la peinture dans l'art contemporain, à travers le parcours de trois amis étudiants aux...

le 22 août 2020

1 j'aime

Térébenthine
antoinegrivel
7

La mort de la peinture

J'aurais adoré adorer ce livre. Carole Fives met en scène le parcours aux Beaux-Arts de trois étudiants, surnommés par leurs camarades moqueurs "les Térébenthine" à cause de leur art, la peinture,...

le 3 sept. 2020

1 j'aime

Térébenthine
Jim_Sam
7

Critique de Térébenthine par Jim_Sam

J'ai encore aimé ce livre sur la jeunesse de l'auteur quand elle voulait faire de l'art pictural à l'École des Beaux-Arts. On y constate la difficulté de pratiquer l'art qu'on aime face à un corps...

le 21 mars 2022

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

76 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

76 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13