Je crois bien qu'entre Arthur C. Clarke et moi, c'est fini pour de bon, et ce avant même d'avoir vraiment commencé. Dans l'optique de combler mes lacunes en matière de classiques de la SF, j'avais lu il y a quelques mois "La Cité et les Astres", qui par certains côté m'avait plu, mais pour lequel j'avais tout de même eu du mal à me passionner. Ne voulant pas rester sur cette impression mitigée, je pensais me régaler avec le fameux "Rama". Celui-ci, en plus d'être unanimement reconnu comme l'un des grands romans du genre, aborde en effet l'un de mes thèmes préférés en SF : les arches stellaires...


Écrit à une époque où, à l'inverse d'aujourd'hui, les pavés n'étaient pas la norme, "Rendez-vous avez Rama" compte environ 250 pages ; le type de roman court que l'on dévore en deux jours maximum, et pourtant... Après avoir mis près d'une semaine à en ingurgiter péniblement la moitié, à coups de dix pages par-ci, vingt pages par-là, sans jamais réussir à entrer dedans, il faut se rendre à l'évidence : le commandant Norton et ses hommes poursuivront leur exploration de Rama sans moi.


Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ? Je crois n'avoir décelé dans ce roman aucun réel enjeu dramatique, rien qui puisse capter mon intérêt et m'emporter jusqu'à la dernière page. Ce n'est pourtant pas un problème de manque d'action ou de suspense : faisant partie des farouches défenseurs du "Désert des Tartares" de Buzzati, il en faudrait davantage pour m'impressionner ! L'auteur a pris le parti, au moins dans la première moitié que j'ai lue, de faire la part belle à l'exploration, avec son lot de découvertes censées susciter l'émerveillement : ici une falaise, ici une mer, ici une plaine, mais dans une géographie prenant le contre-pied de nos habitudes terrestres. Les lecteurs ayant pu apprivoiser cette géographie y ont sans doute pris un grand plaisir... Sauf que j'ai personnellement échoué à me représenter le moindre élément de Rama. Les paragraphes descriptifs ont glissé sur mon imagination sans jamais parvenir à la stimuler d'aucune manière. Un récit d'exploration décrivant des lieux que l'on est incapable de se figurer ne peut que provoquer un insondable ennui et, au final, une frustration aboutissant à l'abandon de la lecture...


Puisque tout ne peut pas être qu'une affaire de subjectivité, de "rencontre qui ne s'est pas faite" entre le livre et le lecteur, au chapitre des défauts difficilement pardonnables on notera tout de même que le roman regorge de dialogues explicatifs de type "Comme vous le savez...", "Bien sûr, vous n'êtes pas sans connaître...", soit l'une des manières les moins subtiles de transmettre des informations au lecteur. Ce genre d'artifice d'écriture passait peut-être inaperçu dans les années 70, mais aujourd'hui cela ne peut que faire grincer des dents.


Que le roman soit objectivement bon (bien qu'il ait sans doute vieilli sur certains aspects, comme d'autres grands classiques de la SF), j'en suis convaincu : on n'obtient pas les prestigieux prix Hugo, Locus et Nebula par hasard... Mais je suis tout autant convaincu de la chose suivante : Arthur C. Clarke et moi ne sommes pas faits l'un pour l'autre. Tant pis pour moi. Lui s'en remettra très bien.

Oliboile
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le 2 sept. 2017

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