Du japon à l'espace infini: un gloubi boulga qui me reste sur l'estomac

J'ai eu du mal à arriver au bout de ce roman de Emilie Querbalec, Quitter les monts d'automne.

J'étais pourtant séduit par le pitch de départ et la couverture : dans un futur steam punk sauce japon féodal, l'écriture est interdite. Le savoir se transmet par le Dit, via des conteurs et conteuses, souvent dans le cadre de lignée qui se transmettent leur compétence en même temps que leur savoir. Kaori est une de ces descendante de grande lignée de conteuses, mais malheureusement, le Dit se refuse à elle, et elle va devoir se rabattre sur une vie bien moins prestigieuse de danseuse. Mais lorsque sa grand mère décède, elle hérite d'un rouleau qui s'avère être une calligraphie, objet tabou parmi les tabou. Pour percer son mystère, elle va alors devoir quitter sa campagne et suivre des aventures qui l'amèneront toujours plus loin.


L'univers initial est mis en place lentement, très lentement. On découvre cette campagne japonisante, cet univers féodal fait de spectacle itinérant et de commerces de liqueurs et autres substances psychédéliques. On fini presque par s'ennuyer, mais on s'attache malgré tout aux personnages. C'est pourquoi il est d'autant plus incompréhensible que l'autrice bazarde tout ce petit monde sans autre forme de procès pour faire voyager Kaori vers d'autres contrées de ce globe. Et le schéma se répétera dans le roman, Kaori concluant souvent les chapitres par des phrases comme « et c'est la dernière fois que je vis [personnage qui semblait important, qu'on a passé des dizaines de pages à nous décrire et qui va effectivement disparaître du récit pour ne plus jamais apparaître] ».


C'est le premier reproche que je ferai à ce roman : le world building est sympa, mais il est balayé toutes les 100 pages, a peu près au moment où j'arrivai à me sentir à l'aise dans ce qui est décrit. Il en découle une sensation de longueur, renforcé par l'impression d'avoir passé des heures à se construire des représentations mentales, pour rien. Idem pour la plupart des personnages : celles et ceux qui semblent primordiaux sont longuement décrit puis évacué ; tandis que d'autres sont à peine présenté et s’avéreront les plus important du récit. En dehors de Kaori évidemment, qui est l’héroïne.


Et c'est le 2e reproche : Kaori m'a semblé d'une naïveté et d'une lisseur ennuyante au possible. On a l'impression qu'elle est spectatrice de son propre parcours. A aucun moment je n'ai réussi à ressentir de l'empathie pour elle, pour les horreurs et les joies qui lui arrivent.


Enfin, l’enchaînement entre les différentes époques ou lieux semblent totalement random. C'était très intéressant de partir d'une société type japon féodal. Mais pourquoi sur la fin du roman ça n'a pas plus d'importance ? Kaori aurait bien pu être éleveuse de lama dans une société andine, ou cueilleuse de baies dans une société européenne, la fin du roman aurait pu être la même. Dommage de ne pas avoir plus appuyé sur ce fil rouge à travers le roman.


La fin est intéressante, les explications sur les raisons de l'interdiction de l'écrit sont chouette et se rattache bien au début du roman, renouant avec ce fil rouge qu'on avait lâché. Dommage qu'il soit expédié (surtout quand on revoit les longueur pour en arriver là).


Bref, on a l'impression d'être dans cet épisode de Friends où Rachel, chargée du dessert, a incorporé dans le gâteau des oignons et de la viande, les pages de sont livre de recettes étant collées. Comme Joey, je me suis dit que chaque ingrédient n'était pas mauvais pris individuellement (même si aucun ne m'a transcendé). Mais contrairement à Joey, l'agglomération de tout cela ne m'a pas réjoui, et je sors de table plutôt écœuré. Dommage, la description du menu me donnait envie.


Homegas
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le 17 déc. 2022

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Homegas

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