Dans la généalogie, ce n'est pas l'arbre qui compte, mais la forêt

J'ai été, comme beaucoup, happé par "Lorsque le dernier arbre" de Michael Christie. On se fait entrainer dans cette fresque familial multigénérationnel très rapidement.


A la manière d'un calligramme narratif, la construction du roman va reprendre les cernes d'un arbre nous faisant démarrer par l'écorce (l'an 2038) pour atteindre le cœur, ce qui fut la graine initiale (1908) de ce gigantesque organisme vivant qu'est le récit complet (l'arbre entier).


On va ainsi déambuler depuis la dystopie de 2038 : une catastrophe écologique à décimé la plupart des arbres, il ne reste que quelques bulles de forêt, prise d'assaut par de riches touristes venant poser leur meilleur selfie à côté des pins séculaires. On y découvre Jacinda Greenwood, dernier bourgeon de cette grande famille. On va ensuite progressivement remonter les générations et les époques, s'attardant longuement sur 1934, avec de grands branches venant caresser Steinbeck par le style et le traitement des personnages. On va même pousser jsuqu'en 1908 pour voir germer cette graine qui donnera naissance à la lignée de la famille Greenwood. Pour finalement repartir dans l'autre sens vers l'écorce à nouveau, et fini en 2038. On traverse ce roman comme une lame de scie passerait de part en part d'un arbre.


L'auteur a parfaitement maitrisé ces traversé temporelles, on ne se sent jamais perdu, les personnages vieillissent ou rajeunissent de manière cohérente ou convaincante. Les époques se répondent sans tomber dans la caricature. L'auteur joue de ce que l'on sait, de ce que l'on devrait savoir, de ce que l'on devine. Jeux d'ombres entre les branches touffues de cette arbre.

L'écriture est fluide, agréable, précise et tranchante.


J'ai moins aimé qu'on me vende ce livre comme une fresque écologique, la dystopie étant peu creusé au final, et le reste du rapport au monde des personnages rarement vu avec un oeil critique sur l'exploitation qui est faite du bois.


Mon côté généalogiste a par contre adoré cette façon de lier les personnages par leur histoire et comment les actions des uns et des autres raisonnent à travers les âge, comme les coup de hache sur le tronc feraient vibrer jusqu'aux branches les plus hautes.


ils ne font peut être pas partie de son arbre généalogique, mais de sa forêt généalogique, si. Et qui mieux qu'une dendrologue pourrait savoir que c'est la forêt qui compte?

A 2-3 longueurs près, et si on fait abstraction de cette prétention (éditoriale en tout cas, je n'ai pas vu ce qu'en pensait l'auteur) à être un roman écologique, Lorsque le dernier arbre a tout d'un révélateur de très grand talent de l'écriture en la personne de son auteur, Michael Christie.

Homegas
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le 31 janv. 2024

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Homegas

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