J'ai rarement lu quelque chose d'aussi mauvais de la part de la Reine du crime - à part le pensum "Une mémoire d'éléphant".
Cette enquête d'Hercule Poirot ne ressemble à aucune autre, très loin des codes traditionnels du whodunit, puisque notre héros, toujours flanqué du capitaine Hastings, est confronté à une mystérieuse organisation internationale du crime.
Un bouquin d'aventures en somme, qui mêle thriller, espionnage et roman d'énigme.
Mais surtout une collection d'invraisemblances criantes, de clichés d'époque et de caricature de l'univers christien. A tel point que "Les quatre" s'inscrit pour moi dans une forme de littérature enfantine.
Il existe toutefois une explication à ce ratage : il s'agissait au départ d'une compilation de nouvelles publiées séparément dans une revue, puis rassemblées tardivement au sein d'un même ouvrage.
L'ensemble a certes été retravaillé, mais la structure du roman reste bancale.
Personnellement je n'ai jamais aimé lire Agatha Christie sous forme de nouvelles, je trouve que ce format ne lui rend pas honneur, et ce n'est pas cette succession de petits récits fusionnés qui me convaincra du contraire.
Malgré tout, la lecture n'est pas foncièrement désagréable, on peut notamment se raccrocher à la complicité du duo Poirot - Hastings, ainsi qu'à l'apparition de personnages secondaires habituels de cet univers (l'inspecteur Japp, la comtesse Rossakov, et même l'inspecteur Giraud de la Sûreté française).
En outre, "Les quatre" illustre bien les préoccupations de l'époque où il fut écrit (la fin des années 20), Agatha Christie évoquant avec pertinence la future bombe atomique, par exemple.