Les Étoiles s'éteignent à l'aube par François CONSTANT

« Les étoiles s’éteignent à l’aube » est un cri silencieux, hurlant la vie, la mort, le besoin profond d’être et de le savoir ! Son auteur, Richard Wagamese, connu pour sa littérature amérindienne appartient à la nation indienne ojibwé. Il nous exhorte ici à prendre conscience des forces de ces nations indiennes et de leurs modes de vie ; il nous dit aussi la fragilité de celles-ci et leur possible disparition sous le poids de nos civilisations prétendument civilisées.
Franklin Starlight n’a que 16 ans. C’est déjà un homme depuis des années pourtant. Enfant, gamin, il a vécu avec le vieux, celui qui lui a tout appris. Tout ? Presque. ‘Le vieil homme lui a fait don de la terre à partir du moment où il avait été capable de s’en souvenir et il lui avait montré comment la traiter, l’honorer, disait-il, et le garçon avait senti l’importance de ces enseignements et il avait appris à les écouter, bien les reproduire.’ Mais le vieil homme ne lui a jamais dit qui était vraiment son père, encore moins sa mère.
Franklin va partir, seul, laissant là ce père nourricier qui lui a tout appris pour aller à la rencontre de son géniteur mourant. Avec lui, il va entreprendre un voyage qui se révèlera initiatique dans le monde sauvage de l’arrière-pays de la Colombie-Britanique. Son ‘père’, épave errante rongée par l’alcool sait qu’il va mourir. Lui qui ne s’est jamais préoccupé de son fils, a fait appel à lui, lui demandant l’aide nécessaire pour être enseveli, selon les traditions indiennes. Il veut donc que son fils l’accompagne jusqu’à la montagne où il pourra mourir en indien, renouant de la sorte avec les forces vitales et les esprits qu’il a refusé de suivre, leur préférant les eaux troubles, dites de vies mais frelatées, et les dégâts qui en découlent.
Je suis rentré dans ce récit en toute sérénité. Je sentais que Richard Wagamese allait alimenter ma réflexion à propos des sources de vie, des attitudes à développer si on accepte de ne se considérer que comme un gestionnaire de la Terre et non comme son prédateur. Le livre regorge de perles à méditer à propos de la vie, de l’éducation, de la consommation, de la place de chacun, de chaque chose et du partage d’idée, de biens, de vie. Le livre est un hymne au respect à avoir pour l’autre et soi-même.
C’est aussi le cri de qui veut, au-delà des apparences, jeter des ponts pour re-susciter l’autre à la vie. Même si sa vie est le moment de sa mort ! C’est là une des forces du récit, instituer la mort comme une étape de vie et non la fin de celle-ci ! Alors, même déjà mort, ou quasi, le géniteur peut, au-delà de tous ses manquements, devenir père. Et le fils peut devenir dépositaire du transmis du père !
« Les étoiles s’éteignent à l’aube » n’est pas un livre amusant, joyeux. Il n’est pas triste et ennuyeux pour autant. C’est la description d’un fil tendu entre Terre et Ciel sur lequel le funambule qu’est tout être humain peut marcher, trouver son équilibre, progresser vers un plus haut, un plus vrai, un plus uni avec lui-même, les autres, la Mère-Terre.
Un bon moment de lecture, de conscience, de pleine conscience à développer et à faire nôtre.

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le 27 août 2019

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