Franklin Starlight n'a jamais vraiment connu son père, Eldon Starlight, cet homme ravagé par l'alcool. Durant seize ans, il a été élevé par le Vieil Homme et n'a rencontré son géniteur qu'une dizaine de fois, maximum. Jamais lorsque celui-ci était sobre. Aujourd'hui, Franklin n'attend plus rien de cet homme, cet inconnu. Pourtant, alors qu'il est mourant, Eldon Starlight appelle son fils à son chevet. Il a une demande singulière à lui faire : l'emmener mourir au cœur de la montagne, comme leurs ancêtres.
On suit le personnage de Franklin, un adolescent pleins de valeurs et de bonne volonté, qui cherche toujours à faire ce qui est juste, suivant l'enseignement que lui a transmis le Vieil Homme. Un Vieil Homme dont on sent l'importance dès les premières pages. Il a tout donné à Franklin : une éducation, de l'attention, les valeurs du travail, les secrets de la nature. En somme, il aura joué le rôle d'un père pour Franklin et c'est grâce à lui que l'adolescent est ce qu'il est aujourd'hui.
Et le « vrai » père ? Lui terriblement présent par son absence. Par ces rendez-vous où il ne s'est jamais pointé. Par ses excès d'alcool lors des rares rendez-vous non manqués. Par ses mensonges, ses silences. Même pas un père, quoi. Tout juste un géniteur. Un géniteur dont Franklin n'attend plus rien. Pourtant, lorsque celui-ci lui demande de l'emmener mourir en montagne, Franklin voit ici l'occasion d'enfin percevoir la vérité sur qui est son père, et qui il est lui-même. de son côté, ce voyage va être l'occasion pour Eldon d'enfin libérer sa parole et raconter son histoire. Pas dans le but de se faire pardonner ou pour rattraper le temps perdu, plutôt dans l'idée de léguer sa propre histoire à Franklin.
C'est une relation très forte et touchante qui se met en place au fil du voyage. La tension est omniprésente, la douleur aussi. Celle de Franklin qui a passé des années à espérer un père qui ne voulait pas de ce rôle (et qui n'en veut toujours pas). Celle d'Eldon qui a passé sa vie à fuir. À esquiver. À survivre tant bien que mal. Avec l'appel de la boisson, toujours plus fort, toujours plus irrésistible. Un homme qui n'a rien pour lui, que l'on n'a pas envie d'apprécier, surtout lorsqu'on le compare à son fils ou au Vieil Homme. Et pourtant.
Le style de Richard Wagamese est simple, épuré. Les dialogues sont peu nombreux, on est dans la contemplation de cette nature sauvage, de ces hommes, de cette histoire douloureuse. Et lorsqu'ils sont présents, ces dialogues ne pardonnent pas. Ils sont secs. Ils écorchent. Une écriture sobre, donc. Mais toujours juste et puissante. Remplie d'émotion.
Un roman magnifique, qui prend à la gorge et aux tripes. À lire absolument !


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DameDePique
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le 24 juin 2018

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