Le Signe des Quatre, deuxième enquête de Sherlock Holmes après Une étude en rouge, est bien linéaire, ce qui simplifie vraiment sa lecture : on connaît quasiment dès le départ le coupable, l'ensemble de "l'enquête" consiste à savoir comment on arrivera à lui mettre la main au collet. On remonte sa piste avec Médor ("Tobey" pour être précis), on file un pot-de-vin aux Irréguliers (les jeunes voyous qui sifflent aux oreilles de Sherlock tout ce qu'ils voient dans les rues sales) pour indiquer où est le bateau par lequel l'assassin est parti, on navigue à sa poursuite,
on tue son assistant
(on passera sur les détails racistes de la physionomie de l'assistant, on est plus sensibles à ceci aujourd'hui qu'à l'époque...), et
on arrête le méchant
. C'est fini ? Eh non. Il faut encore se coltiner un dernier chapitre qui est d'une infernale longueur (presque un quart du livre) et d'une inutilité sans bornes ("OK, c'est moi l'assassin. Maintenant, laissez-moi vous raconter TOUTE ma vie..." - Nous : "Non ! On s'en fiche ! Assez ! Assez !!!"). On avait pourtant apprécié jusque-là cette enquête qui change de la mouture habituelle de la fouille, de la chasse aux indices, des déductions en chaîne, et des interrogatoires à foison de plusieurs suspects. Ici, on se tourne davantage vers le mouvement des personnages (ils pourchassent), on gagne alors une place non négligeable de l'action sur les dialogues copieux habituels. On aime aussi que Mr. Watson tombe amoureux (même si le dénouement de l'affaire de cœur est d'une maladresse stupéfiante : "Elle est riche, je ne peux pas l'épouser. Ah non elle est pas riche : vous voulez m'épouser ? Oui ? A la bonne heure.", eh ben... pour le romantisme, on repassera.). Le début de la chasse à l'homme à la jambe de bois nous a attiré, le final en course-poursuite fluviale change de l'ordinaire, mais le dernier chapitre qui retrace la vie inintéressante (et apportant très peu d'informations sur le trésor que l'on n'avait pas déjà deviné avec l'enquête d'Holmes) est une plaie.