La somme qu'il faut lire sur Hollywood des 70s

Considérant que cet ouvrage étant une œuvre majeure pour comprendre le cinéma et les cinéastes que nous aimons à Cinefast, je me propose d’en faire une synthèse rapide, qui vous permettra à la fois de ne pas le lire en français, où, pour des raisons juridiques, vous raterez les meilleures pages*, et quand même de briller en ville. Il est comme ça, le Professor Ludovico.


L’histoire
Peter Biskind, rédac’ chef du Premiere US, s’attache à retracer le cinéma hollywoodien des 70’s, d’Easy Rider à Raging Bull. Pour cela, il analyse la genèse des principaux films de cette période, tout en présentant leurs concepteurs : Easy Rider (Dennis Hooper ), Le Parrain (Coppola), Star Wars (Lucas), Les Dents de la Mer (Spielberg), Bonnie and Clyde (Arthur Penn) et bien d’autres acteurs de cette grand tragédie : Nicholson, Hal Asby, Robert Altman, Warren Betty, Peter Bogdanovitch, Brian de Palma, Martin Scorcese, Roman Polanski, Robert Evans, etc.


La thèse
A la fin des années 60, le cinéma hollywoodien est malade. Dirigé par des vieux en bout de course (Jack Warner, par exemple), il ne produit plus de film en adéquation avec son public. D’autant qu’à l’extérieur, la révolte gronde : émeutes raciales à Watts en 65, Mai 68, etc. Les jeunes réalisateurs, étouffés par les studios, n’en pincent que pour la Nouvelle Vague : Truffaut, Godard, qui réalisent des films géniaux avec trois francs six sous en utilisant caméras et matériels légers, en dehors de la structure des studios. Ils décident de faire de même, et Bonnie and Clyde est l’un de ces premiers projets. Les patrons des studios n’y comprennent rien, mais le film fait un carton. Les studios signent alors tout jeune réalisateur qui se présente : Dennis Hopper par exemple a beau être sous acide, se balader avec des flingues et avoir les chevaux longs, son film est produit et fait aussi un carton.


La jeune garde prend donc le contrôle de Hollywood et bouscule même la hierarchie inamovible des studios : la producteur n’est plus au centre, les pleins pouvoirs sont confié au réalisateur, seul maître à bord après dieu.


Deuxième révolution : les sujets. Elevés à l’école Corman, qui produisait des séries B à petit budget sur des araignées géantes ou des films de Hell’s Angels, la jeune garde fait du film d’exploitation destinées aux ados. Mais il le font maintenant avec budget et avec talent : American Graffiti, Les Dents De La Mer, Star Wars. Et ça marche : ces séries B deviennent les records d’entrées de tous les temps pour hollywood. Les Dents De La Mer, avec ces 100M$ de recettes sera désormais le standard de l’industrie.


Et puis vint la chute…


Car en faisant cela, les réalisateurs scellent leur propre perte. En 10 ans les studios apprennent, comprennent que leur public a changé, et se calent sur ces nouveaux standards. Avec les années 80, la jeune garde sera lessivé par les échecs (New York New York pour Scorcese, One From The Heart pour Coppola, Heaven’s Gate pour Cimino), par la drogue (Hashby, Scorcese), les femmes (Bogdanovitch, Polanski). Elle sera remplacée par des producteurs, signifiant ainsi symboliqument la défaite absolue de cette décennie. Les Bruckheimer, les Simpson, qui commenceront leur carrière au milieu des années 70, prendront le pouvoir dans les années 80 en appliquant les recettes mises en place par leurs aînés : public ado ciblé en priorité, gros moyens, scénario simplifiés et stéréotypés… mais c’est une autre histoire…


*en France si l’on écrit que Jack Nicholson se shootait toute la journée, on peut être attaqué pour diffamation, même si c’est vrai. Aux USA, on a droit de l’écrire au nom de la liberté d’expression, même si c’est faux.


cinefast

ludovico
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le 23 déc. 2016

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