Mélangez des filles nues, des hommes talentueux, des égos démesurés et de la drogue, assaisonnez avec un peu de culture hippie et de rejet de l’autorité et vous obtiendrez un cocktail cinématographique détonnant : le Nouvel Hollywood. A la fin des années 60, le système fondé sur la toute-puissance des producteurs est à bout de souffle. L’institution hollywoodienne doit faire face à l’arrivée de jeunes hommes inspirés des Antonioni, Truffaut et autre Goddard qui réclament la liberté totale de créer en s’affranchissant des producteurs. Ces nouveaux réalisateurs s’appellent Coppola, Scorsese, Friedkin et vont filmer De Niro, Pacino, Nicholson…


Le journaliste Peter Biskind a recueilli des centaines témoignages de réalisateurs, producteurs, scénaristes, épouses et maitresses pour nous décrire cette période exceptionnelle au sein de la machine Hollywood. Cette parenthèse libertaire, inspirée par les Européens qui arrivaient à l’époque à faire des films plus rentables qu’Hollywood, fut entrebâillée par l’acteur Warren Beatty aidé du réalisateur Arthur Penn avec Bonnie & Clyde en 1967. Mais ce n’est que deux ans plus tard qu’elle sera véritablement grande ouverte avec la sortie d’Easy Rider de Denis Hopper. Ce film représente l’essence de ce qu’est le Nouvel Hollywood : des producteurs s’effaçant au profit des réalisateurs soudainement considérés comme des artistes.


A travers ce documentaire extrêmement détaillé, Peter Biskind nous montre l’envers du décor où règne, sous couvert de liberté artistique, l’hypocrisie de soi-disant pontes de la contre-culture uniquement guidés – pour la plupart – par la reconnaissance, le succès et le profit. Certains l’ont payé cher comme Peter Bogdanovich ou Bob Rafelson, largement oubliés aujourd’hui. Malgré cela, la grande majorité des films de cette période sont excellents. Ils sont plus personnels, plus sincères et plus proches des gens.


Truffé d’anecdotes parfois truculentes, parfois inutiles, souvent très intéressantes, Le Nouvel Hollywood nous propose une virée dans le monde halluciné des années sex, drugs and rock&roll où tout semblait possible. Le récit est peut-être romancé par moment, un peu people sur les bords (qui a besoin de savoir que Coppola trompait sa femme ou que Scorsese avait une liaison avec Liza Minelli ?) mais permet de comprendre cette parenthèse dorée ainsi que le fonctionnement de l’Hollywood actuel et donne une furieuse envie de regarder des films par kilotonnes.

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le 27 janv. 2016

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