Angleterre, tournant du millénaire, du premier au second de notre ère. La civilisation médiévale est en construction. La religion est une force à peine dominante, le roi d'Angleterre comme son voisin de France n'a pas la possibilité d'administrer un grand territoire. Enfin, l'intégrité territoriale est loin d'être assurée. Les Vikings font des incursions meurtrières, les gallois sont agités. Bref, le contexte est riche, et c'est le principal atout de ce nouvel opus des productions fleuves de Ken Follett. C'est aussi certainement pour cela qu'on apprécie cet auteur à succès.
En contre, on reprochera à cet exemplaire son côté un peu simplet, un peu enfantin. Les personnages sont manichéens à souhait. Les gentils, méchants, braves, courageux sont caricaturés; alors que la vraie vie nous démontre en permanence que tout un chacun est habité par des qualités et leurs contraires, les personnages de Mr Follett sont ... disneyiens, très gentils et que gentils ou très méchants, et uniquement méchants. C'est dommage et limite insultant pour le lecteur qui a généralement passé l'âge des contes de fées.
De même pour les descriptions de lieux. Au fur et à mesure du roman, on a du mal à se plonger dans un environnement qui au mieux ressemble à celui d'un jeu video au pire à un décor Playmobil. La forêt est une forêt sans plus, sans caractère, avec des clairières habitées par des brigands (sic), les villages ou les villes sont de bêtes amas d'habitation, avec des tavernes, des églises et des châteaux (re-sic). Au final, cela manque sérieusement d'épaisseur.
Pour nous brosser, nous français, dans le sens du poil (on peut surement y voir un rejet du Brexit), la Normandie a achevé sa transformation et semble être un havre de grandeur, de paix et de justice, prospère, en parfait contraste avec l'Angleterre non encore sortie de la boue et des bassesses. Là encore, la lumière est trop crue et trop caricaturale pour qu'on puisse sérieusement y croire.
L'ensemble se lit bien et finalement une sorte de magie opère malgré quelques passages ennuyeux. Et pourquoi pas, de temps en temps, replonger dans les contes de fées ?