La rabouilleuse est un roman partagé entre Paris et Issoudun. Il raconte comment une famille de Parisiens vient empêcher la captation d'un héritage par une bru vulgaire mais rouée, la Rabouilleuse. C'est aussi un duel entre deux soudards égoïstes, Philippe et Max, avec en sous-texte une critique des célibataires, taxés d'être improductifs pour la société. Et une réflexion sur l'art, à travers le personnage de Joseph. Le roman se décompose en trois parties. Il s'ouvre sur une dédicace de Balzac à Nodier.


C'est un roman qui court sur une longue période, de 1792 à 1839, et qui est très prenant, du fait de rebondissements incessants. On y trouve des ressorts classiques chez Balzac : un personnage qui "mange" la fortune des autres, le spectre de l'époque napoléonienne, l'idée qu'une fortune peut démarrer sur un crime originel, le cynisme de la province face au cynisme parisien, un amour malheureux (ici maternel) pour une personne qui ne le mérite pas. On y trouve des excursus sur la ville d'Issoudun, sur le tabac, sur la loterie, etc...


En voici le canevas :


1e partie - Les deux frères
Rouget, un médecin d'Issoudun, rusé et mauvais, a deux enfants. Le premier est un imbécile qui vit à Issoudun, la seconde est une fille, Agathe, que Rouget envoie dans sa belle-famille, les Descoings, à Paris, en espérant que ce couple stérile lui donne son héritage. L'épicier est victime de la Terreur, mais bridau, un des secrétaires du ministre de l'intérieur tombe amoureux d'Agathe. Ils ont deux fils, rapidement orphelins de père. Agathe favorise l'aîné, Philippe, qui se comporte en enfant gâté, tandis que Joseph nourrit une passion artistique qu'elle ne prend pas au sérieux. Après la mort de Bridau, au gré de l'actualité politique, Agathe et sa belle-mère doivent loger dans un intérieur sinistre de la rue Mazarine. Philippe fait la campagne de Russie, part au Texas dans une affaire de dupe, prend de mauvaises manières à New York, fait mourir de chagrin la mère Descoings en lui volant la mise de sa loterie un jour où le numéro qu'elle joue depuis des années sort, tout cela pour entretenir une cocotte, Mariette. Joseph vit des années de vaches maigres, cultivant son art. Philippe lui dérobe aussi de l'argent de ses commandes. Il trouve un emploi comme caissier de journal qui se révèle une fraude qui va l'envoyer en prison. Agathe envoie une lettre à Mme hochon, sa marraine d'Issoudun, pour lui demander de l'argent. Celle-ci lui répond de venir défendre l'héritage de son père, en passe d'être capturés. Joseph et sa mère décide de partir à Issoudun.


2e partie - Un ménage de garçon de province.
Issoudun, petit microcosme de province, vit sous la coupe des Chevaliers de la Désoeuvrance, une société de joyeux lurons qui jouent des tours, dirigés par Maxence Gilet, ancien soldat de la Grande Armée qui est le double provincial de Philippe. Il retrouve ses sbires chez la Cognette, une tenancière de gargotte. Il est en ménage avec Flore Brazier, alias la Rabouilleuse, une jeune fille dont le vieux Rouget s'enticha, et qui après sa mort continua son ménage avec le fils, Jean-Jacques, détenteur de l'héritage et complétement ahuri. Ensemble, Flore et Max ont barre sur Jean-Jacques et s'efforcent de lui faire signer une procuration pour faire modifier son héritage en faveur de la jeune femme.
Les Rouget ont donc affaire à forte partie, d'autant que Joseph fait mauvaise impression à la petite ville de province.


Jean-Jacques lui a donné des tableaux dont il ne soupçonnait pas la valeur, cet être désintéressé passe donc pour un aigrefin. Il peut compter sur les Hochon, qui habitent en face de chez son oncle. Maxence, qui a joué un tour à un charretier espagnol, Fario, est attaqué par ce dernier, de nuit. Il met à profit cet incident en accusant Joseph, ce que toute la ville se met à croire. Une émeute manque de tuer le pauvre jeune homme. Il est innocenté, mais toute la ville est désormais contre lui. Les Rouget rentrent à Paris piteusement. L'avocat Desroches explique la situation à un personnage haut placé, qui accorde la libération de Philippe. Ce dernier apprend toute l'affaire et décide d'aller s'occuper de Maxence.


3e partie - A qui la succession ?


Sentant la menace de Philippe, Max tente d'envoyer Jean-Jacques à Vatan, avec Flore, pour qu'il signe une conversion en rente à sa femme de l'héritage. Au cours d'un banquet, Max et Philippe se provoque. Philippe tue Max en duel. L'oncle Jean-Jacques ne tarde pas à mourir, et Philippe épouse Flore. Il remonte à Paris avec l'argent, délaisse Flore, se rallie à Charles X, devient comte de Brambourg, refuse de l'aide à son frère, faisant mourir sa mère de chagrin : Agathe réalise enfin qu'elle n'a cessé de favoriser un fils dénaturé. Ruiné par la révolution de 1830, il s'engage dans l'armée coloniale et meurt en Algérie dans une embuscade. Joseph, de son côté, voit son talent enfin reconnu et hérite de son frère.

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le 22 janv. 2017

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