Bon finalement il y aura quand même deux ou trois trucs intéressants dans cette sélection du Goncourt et pas forcément ceux que j'attendais.
La plus secrète mémoire des hommes est un bouquin assez brillant par moments, il faut bien l'avouer.
C'est un bouquin qui a certes une intrigue, à savoir la recherche d'informations sur Elimane, un auteur qui a écrit en 1938 un bouquin appelé Le labyrinthe de l’inhumain, mais finalement, comme dans tous les bons livres, elle est plus prétexte... et ici un prétexte pour parler, entre autre, de littérature.
Durant tout le bouquin le narrateur va enquête sur la vie d'Elimane, va interroger notamment des femmes qui vont raconter leurs expériences avec lui, ou les expériences d'autres femmes qui l'ont connu... Il y a un petit côté récit enchâssé tout à fait sympathique, évoquant forcément chez moi les 1001 nuits.
Et ces femmes sont parfois elles-mêmes auteurs, l'occasion de justement aborder la littérature, ce qu'elle est, ce qu'elle permet... surtout dans la première partie du bouquin.
Et franchement je dois dire que l'auteur tombe vraiment juste dans ce qu'il peut dire, j'aime notamment beaucoup lorsqu'il dit que le mal en littérature c'est demander de quoi ça parle. Et c'est vrai et c'est vrai, un roman c'est plus que ça... plus qu'une simple liste de faits, d'actions avec un message derrière. Et ça Mohamed Mbougar Sarr l'a bien compris. Son livre c'est l'une des rares fois dans cette triste sélection du Goncourt où il y a plus qu'un simple étalage de faits se suivant les uns les autres, et que l'auteur cherche (et arrive) à susciter quelque chose chez le lecteur.
Il y a quelque chose de réjouissant à cela, de lire un bouquin qui prend le temps de le faire, qui se permet d'être maîtrisé mais sans chercher l'efficacité à n'importe quel prix, qui se permet de ne pas être concis...
Et les récits ont beau s'enchâsser, ils sont à chaque fois juste... les personnages tangibles parce qu'ils ont le temps de parler d'eux de leur rapport à l'art, à Elimane, cet auteur disparu... putain enfin un peu de consistance, qu'est-ce-que ça fait du bien.
Que dire de la fin, je la trouve parfaite, une douce désillusion, laissant un petit goût d'amertume au moment de refermer le livre... juste ce qu'il faut.
Autant je pensais qu'Au printemps de monstres resterait mon bouquin préféré de la sélection... mais là si l'un des quatre que je n'ai pas encore lu fait mieux que celui-ci, je serais très franchement surpris (et agréablement).