On apprend dès la petite biographie du début du livre, que René Barjavel a réussi à faire publier ce roman SF en romançant un scénario de film.
En effet, dès les premières pages on imagine bien les scènes, les personnages dans un film SF. Les (petits) passages du journal du Dr Simon donne une vision plus intime du déroulement de l'histoire, tout du moins au début quand on n'est pas encore accroché. Puis, l'avancée de l'équipe scientifique en profondeur vers Eléa commence à nous obséder. Qu'est-ce qu'ils font là ? Comment ? Pourquoi ?
J'ai trouvé que dans les 200 premières pages, le roman ferait un excellent scénario auquel il ne faudrait rien couper (même si les studios de films en couperaient la moitié). Puis...


Le récit stagne un peu vers le milieu du livre. Le passage où on revit les derniers jours sur Gwonda entre Eléa et Païkan, bien qu'important pour montrer tout leur amour l'un pour l'autre, est un peu long. On comprend vite le but de cette mise en scène, mais Barjavel insiste pour revivre vraiment toutes les dernières minutes. Alors il faut admettre que sans ces scènes, la fin du livre ne serait pas aussi forte (même si...).
Du coup, quand on revient à la réalité, le retour à un monde en conflit qui va se disputer les connaissances scientifiques phénoménales de Coban, on est un peu désarçonné. Entre guerre froide et espionnage scientifique. La fin du livre parait avoir été bouclée un peu rapidement (quelques dizaines de pages en plus n'auraient pas fait de mal), alors que le début était un tantinet long par moment.


Cependant, il faut dire ce qui est, comme les scientifiques d'EPI 1, 2 et 3, on veut absolument savoir ! Savoir tout de cette civilisation, comprendre, connaitre et s'expliquer cette formule de Zoran qui changerait le monde... Mais la cupidité de l'homme moderne et de ces gouvernements ont raison des toutes ses connaissances. Comme le dit Hoover: Quel gâchis ! Du coup on reste un peu frustré, comme les personnages du livre, parce que beaucoup de questions resteront sans réponse. Il faut s’y faire.


Le style de Barjavel est très agréable et se lit très simplement (ce qui est pratique vers la fin, quand le récit se fait un peu long). Il arrive à nous emmener dans un monde crédible bien ficelé qui, tout en étant différent du nôtre, a aussi des points communs. On n’a malheureusement pas vraiment de démonstration de l’intelligence supérieure d’Eléa (si ce n’est sa maitrise de la langue française en quelques jours).
Eléa reste d’ailleurs le personnage le plus intéressant, et malheureusement, est un peu la seule a vraiment avoir de la personnalité. En comparaison, Simon, qui aurait dû être l’autre personnage principal, mais au final, à part son amour aveugle pour Eléa, on n’en sait pas grand-chose. Ce qui ne serait pas forcément gênant, si on n’avait pas l’impression que c’était uniquement pour son physique… Au final, à part Eléa, c’est Hoover et Léonova, les scientifiques américains et russes qui démarrent en tant que caricatures et deviennent prenant et plus crédible au fil du récit.
Pour finir, je vais simplement parler du gros problème dans le scénario (qui n’est pas gênant en soit, mais qui m’a gêné moi… Spoiler à venir !
Quand Eléa se tue en même temps qu’elle tue Païkan, qu’elle pense être Coban, elle le fait par désespoir, parce qu’elle voit et comprend que ce monde n’est pas plus beau que le dernier. Que les hommes sont toujours en train de se battre et qu’elle ne peut pas vivre tout cela sans son amour. Mais je ne trouve pas ça logique qu’elle ne voit à aucun moment l’homme allongé près d’elle. C’est un petit point, mais si elle avait vu que c’était Coban à côté d’elle, elle aurait surement fait un choix différent…


Donc je finis ce livre en étant un peu, non pas déçu, mais frustré. Frustré car j’aimais vraiment l’histoire et que je reste sur une impression d’inaccomplissement. Comme Hoover, Simon, Leonova, Moissov… Je voulais en savoir tellement plus…

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le 4 oct. 2015

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Rush

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