Promenons nous dans les bois...

Ce n'est pas chose aisée de critiquer un film qui ne suit pas de trame narrative. Même pour un documentaire, ce film de Claire Simon peut être qualifié de particulier. Sans doute trop particulier pour la petite demi-douzaine de personnes qui sont partis dans les 5 premières minutes lors de la projection Cinexpérience.

Tout en faisant le malin, je suis reconnaissant d'avoir été choisi pour cette projection car je peux garantir qu'il n’y a aucune chance que je sois allé voir ce film s'il ne m'avait pas été "imposé". Au final, je suis plutôt content de cette expérience.

Le sujet de ce film documentaire, le bois de Vincennes, y est mis en lumière à travers le regard des passants, des gens qui fréquentent ce bois, à plus ou moins long terme. Claire Simon, la réalisatrice, se promène parmi ces gens et apprend à les connaitre. Puis à les interroger, et finalement à les filmer. Cette approche minutieuse des personnages permet des interactions très naturelles dans le film. Les gens ne sont pas dans la performance mais dans le spontané. Les sujets de conversations peuvent aller de la prostitution à la pêche en passant par l'université de Vincennes ou le massacre au Cambodge lors du 20ème siècle. Avec comme seul point commun : la forêt.

Ce lieu magique où les êtres humains vont se ressourcer, se rencontrer, se reposer, s’amuser, se sucer...

Le film aborde tous les aspects du bois de Vincennes. J'ai bien dis tous ! Donc bien sûr, on voit des prostituées, des homosexuels qui cherchent une rencontre éphémère, des voyeurs qui se tripotent devant des jeunes en train de s'embrasser... On découvre un univers qui nous était sans doute inconnu (pour ma part en tout cas..). Suite à ces personnages, peut-être plus déroutants, nous rencontrons aussi des gens qui font du vélo, qui promène un enfant, qui pêche, qui ont des pigeons de courses... Il est vraiment étonnant de noter la diversité incroyable présente dans un espace si petit. Le bois est décortiqué dans tous les sens pour nous montrer la richesse qu'il contient. Ce qui est ensuite symbolisé par les gens de la Mairie de Paris en charge de le tenir en état, de le définir, de le dessiner, de compter les papillons, de s'assurer que les grenouilles se reproduisent, de couper les arbres...

Un véritable écosystème apparait derrière la caméra.

Ce monde est étrange, il est drôle, il est unique. Le film, bien qu'un peu long (2h30 svp) arrive à hypnotiser et fasciner par son sujet si simple et si complet en même temps. Les traits d'humours sont plutôt bien répartis dans le film et à travers les personnages ce qui permet de ne jamais s'ennuyer.

Si je devais quand même reprocher une chose ou deux au film, ça serait la longueur qui au bout d'un moment, de par le rythme très lent du film, devient quand même problématique. Les cadrages qui gigotent, avec parfois des bouts de doigts dans le cadre, sont aussi parfois à donner le tournis même si ça ne dure jamais longtemps. Finalement, je dois dire que j'ai trouvé ce film très poétique, très mélancolique et touchant simplement par ces témoignages de gens qui peuvent faire le choix de vivre simplement dans une tente au bois de Vincennes ou une prostituée qui nous explique pourquoi elle ne peut pas partir en vacances. Mais cela est quelque peu terni par les touches poétiques assez maladroites de la réalisatrice. Des pseudos haïkus qui forcent un peu trop sur la note "film d'auteur" à mon goût.

Ce film reste un très bon documentaire (même si je trouve que le mot documentaire n’est pas adapté) qui soulève des questions et provoque quelques émotions. Claire Simon m’a vraiment donné envie de retourner déambuler au bois de Vincennes.