La jeune fille suppliciée sur une étagère me rappelle à quel point lire de la littérature étrangère, c’est aussi s’immerger dans une culture qui t’aie complètement étrangère, et faire l’expérience de l’inconnu. J’ai déjà lu de la littérature japonaise et j’ai toujours eu cette impression d’étrangeté qui me laissait à la fois fascinée et en dehors de ma lecture.
Bis repetita pour ces deux nouvelles sur la mort, qui m’ont interloquées mais pas accrochées. Les ellipses et la pudeur de l’écriture empêchent la narration de se densifier et les personnage de se développer psychologiquement, le récit est comme pris en étau par une idée puissante mais tout ça manque cruellement d’émotions.
La première nouvelle raconte l’expérience dématérialisée d’une jeune femme décédée, passant de mains en mains et perdant peu à peu toute sa substance… l’idée est merveilleuse mais j’ai été très déçue du traitement, atone et froid.
La seconde nouvelle (Le Sourire des pierres) raconte l’histoire de deux anciens voisins, habitués enfants à jouer dans le cimetière avoisinant, qui se retrouvent des années plus tard autour de ce lien morbide à la mort… c’est intriguant, mais très vite l’intrigue s’affaisse, encore une fois la faute à des ellipses et ressorts de narration que j’ai trouvé très plat psychologiquement (pourquoi Sone propose à Eichi de l’accompagner sur l’île ?!). Je l’ai malgré tout préféré à la première grâce à sa fin ouverte.
Et si c’était moi l’étrangère, qui n’avait pas les codes pour comprendre les mérites littéraires de la langue japonaise, le caractère différent de cette culture et la « normalité » qu’elle produit ?