Et tu seras un homme, ma fille...
Pour mon 1er Pratchett de 2014 j'ai décidé de m'attaquer au seul cycle que je ne connaissais pas encore; celui des Sorcières. Ce 3e livre des Annales débute avec un Mage agonisant qui décide de léguer ses pouvoirs au huitième fils d'un huitième fils car c'est dans ces enfants là que la magie est la plus abondante. Sauf que ce 8e fils se révèle être une fille...et dans l'univers du Disque Monde les filles ne peuvent pas être des mages. "La huitième fille" c'est donc l'histoire de Esk qui va tenter de trouver sa voie dans un monde où l'égalité des sexes n'est qu'une douce illusion.
J'appréhendais un peu ce retour en arrière dans la chronologie des Annales (je lis les livres dans le désordre en fonction des cycles qui me plaisent) mais d'emblée j'ai été rassuré de voir que c'est Patrick Couton en charge de la traduction. Comme d'habitude il y fait des merveilles et le livre est truffé de figures de style et de jeux de mots savoureux. Il y a énormément de descriptions et donc c'est l'occasion pour Pratchett de digresser copieusement sur tout et n'importe quoi. Mais au milieu de ce fantastique foutoir il n'oublie pas d'égratigner deux thématiques; l'égalité des sexes ainsi que les croyances populaires liées à la médecine traditionnelle. Comme à l'accoutumée c'est incisif pour qui sait lire entre les lignes et bien entendu c'est toujours très absurdement drôle.
Ce 1er livre des Sorcières est l'occasion de découvrir Mémé Ciredutemps qui est un personnage haut en couleurs. Elle devient immédiatement sympathique avec ses regards à faire fuir les loups (...) et ses remarques acerbes sur tout ce qui l'entoure. C'est d'ailleurs l'un des moteurs de la thématique de l'égalité des sexes et à plus d'une reprise elle aura l'occasion de s'en expliquer. Quant à Esk, c'est une héroïne sympathique mais loin d'être mémorable. Son coté candide (d'un coté c'est une gamine de 8ans) aura cependant le mérite de mettre ses interlocuteurs dans des situations délicates et ça c'est très appréciable.
D'ailleurs en parlant de personnages, on réalise bien vite qu'on est qu'au début de la saga des Annales du Disque Monde car en dehors du bibliothécaire et de La MORT il n'y a pas de têtes connues. Pas de Doyen, de Ridicule, de Planteur ou autre Sam Vimaire mais ce n'est pas bien grave et puis après tout je n'avais qu'à lire les livres dans l'ordre, hein. Reste que la fin est un peu expéditive et c'est un poil rageant car cet opus est assez dense (pour un livre de cette saga j'entends) et aurait mérité d'être un peu plus étoffée. Mais dans l'ensemble on passe un bon moment (si on aime le style de Pratchett !) et en ce qui me concerne ça m'a vraiment donné envie de poursuivre ma découverte de ce cycle.