Si La Félicité du loup est une lecture agréable, touchante même, elle ne fait qu’effleurer de loin la justesse, la puissance et la profonde sincérité qui habitaient Les huit montagnes, dont ce nouvel opus n’est qu’une gentille copie.


On retrouve peu ou prou les mêmes ingrédients : des protagonistes en fuite, de leur passé et de la ville, qui viennent cacher leur désarroi en montagne et espérer y retrouver le chemin de leurs existences ; des personnages secondaires, montagnards dans l’âme, qui enjolivent le récit de leurs caractères bruts ; les paysages grandioses, bien sûr, roches, glaciers, forêts, et la faune qui les habite…


La Félicité du loup opère simplement un léger renversement des sentiments : tandis que son prédécesseur plaçait l’amitié au cœur de son intrigue avant d’y ajouter une (belle) histoire d’amour, celui-ci nourrit ses héros d’amour avant de les entourer de belles amitiés.
Pas de quoi surprendre, d’autant que Paolo Cognetti se montre plus sage et plus prévisible dans ce récit amoureux largement déjà vu, là où Les huit montagnes écrivaient quelques pages sublimes de la littérature d’amitié.


Cette inévitable réserve mentionnée, il reste à reconnaître que La Félicité du loup est un beau roman, très facile à lire, simple d’accès, y compris pour les lecteurs n’éprouvant aucune passion particulière pour la montagne – puisque, encore une fois, l’intérêt est ailleurs, dans la peinture des sentiments, dans la quête des personnages, dans la manière où, tous, durant les quelques mois qui tiennent l’intrigue, opèrent chacun à leur façon une réévaluation essentielle de leurs vies.


De ce point de vue, Paolo Cognetti vise juste, avec une simplicité dans laquelle tout le monde pourra sans doute se reconnaître. Pour le reste, s’il ne sublime pas son écriture, le romancier italien mène son récit de manière très pure, directe, dépouillée même, transposition en mots et sensations de ce monde minéral que l’écrivain aime tant et dont il s’inspire pour débarrasser son texte de tout superflu.


Loin d’être une déception au final, mais fatalement pas l’extase naïvement espérée, La Félicité du loup est une déclinaison légèrement superficielle des thèmes et du style de Paolo Cognetti, qui charme sans émouvoir en profondeur.

ElliottSyndrome
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le 6 sept. 2021

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