L’embolie médiatique face aux révélations de Camille Kouchner, met à mal un mec de pouvoir, place le curseur médiatique sur l’endogamie supposée d’un monde (Sciences Po, politique, ENA), d’un entre-soi du petit monde des gens influents et de pouvoir. En l’occurrence, ce sensationnalisme n’est en rien la volonté de ce livre puisqu’il rend compte d’une visée thérapeutique pour l’auteure.
Ses révélations au monde entier résonnent comme une forme de délivrance, comme une volonté d’aider ceux qui ont subi, subissent ou subiront.

En toile de fond, cet ouvrage dépeint l’histoire d’une famille brisée, à jamais perturbé par l’inceste.


En premier lieu, ce qui marque c’est d’abord la perversité d’un homme, une forme de dépravation sexuelle. Cette perversion se présente de façon sournoise et vile. Elle intervient très tôt et s’installe de plus en plus avant d’être prégnante une fois la détresse familiale installée. En effet, la mère de Camille Kouchner et femme de ce beau-père, ne se relève pas du décès de sa propre mère, de son suicide. Elle vivote grâce à l’alcool et à l’amour de siens.


Ensuite, la perversité tisse sa toile autour de ce moment de chaos familial puisqu’il se présente au sein de la chambre du jumeau de C.Kouchner. En tant que figure paternel, en raison de l’absence de Bernard Kouchner, il débute l’exercice de son emprise.
En l’absence d’un contre-pouvoir, son aura est décuplée. Il mure indirectement les deux jumeaux dans un lourd secret et exerce une emprise autour de la famille entière.


En second lieu, la première partie est dévoyée à une forme de nostalgie quant aux vacances heureuses passés dans la maison du beau-père à Sanary. La forme d’insouciance de l’enfance, de l’amour et du jeu. L’idée d’une grande famille ou Evelyne Pisier demeure très active dans la vie de ses enfants, « une femme solaire ».


La seconde partie du livre, se démarque par l’exercice difficile du deuil qu’exerce Camille Kouchner envers sa mère, une forme d’amour et de colère infinie s’empare d’elle, de son écrit. Ce livre porte en son creux le cri d’un amour envers une maman, une maman douce et très large d’esprit, d’éducation mais qui a failli face à la perte de sa propre mère, face à son refus d’accepter les affres d’un mari rendu coupable du pire des crimes, lui l’homme de droit. Il s’en suit la perte de sa tante et sœur de sa mère : Marie-France Pisier qui s’est battue afin que la vérité se répande dans les cercles familiaux. Aucune personne n’a bougé, rien ne s’est passé.

Le livre s’achève sur une attaque frontale envers son beau-père, et la vie en guise de rédemption personnelle face à son hydre. Son image métaphorique du silence qui l’amène à faire une embolie pulmonaire, à éviter qu’aucun enfant ne se rende en vacances à Sanary auprès de son beau-père.


Plus que de la compassion ou de la pitié, il faut rendre hommage à Camille Kouchner de livrer ainsi sa vie sur le forum ; d'autant plus lorsqu'on a subi les projecteurs médiatiques, toute sa vie durant. Le courage qu’elle a quant se présenter face aux médias, la presse et de se rendre sur un plateau télévisuelle afin d’évoquer cette affaire, de libérer la parole.

McGregor42
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le 10 janv. 2021

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