Après Flammes, un premier roman éblouissant, l'auteur australien (de Tasmanie, pour être précis) Robbie Arnott récidive avec L'oiseau de pluie, une "éco-fable" aussi belle qu'une aurore boréale. Pourtant, le genre du livre, une dystopie qui mêle coup d'état militaire et dérèglement climatique, dans une atmosphère quasi post-apocalyptique, n'est plus si original dans la littérature contemporaine si ce n'est que tous les écrivains ne possèdent pas le talent d'évocation de Robbie Arnott ni sa façon unique de mélanger noirceur et réalisme magique. Autre chose remarquable : le tempo du roman, qui enchaîne scènes graphiques parfois violentes et de longues plages contemplatives, oblige le lecteur à lui-même s'adapter à ces rythmes très changeants et c'est un véritable plaisir que de s'abandonner au pouvoir d'un auteur aussi doué pour nous emmener en terre inconnue. Le mieux (comme souvent, direz-vous) est d'en savoir très peu avant de débuter L'oiseau de pluie avec son chapitre 0, qui pose de premiers jalons, sous forme de conte, à défaut d'entrer dans le cœur de l'intrigue. Le personnage central du livre, en quelque sorte, est un héron qui fait la pluie et le beau temps et qui a acquis un statut d'animal légendaire. Autres protagonistes amenés à se rencontrer : une femme qui a fui la civilisation et vit en forêt et une soldate en mission. Il y a aussi un chapitre, sublime, autour de pêcheurs de calamars, avec une pratique très particulière, et qui est relié, n'en disons pas plus, à l'un des personnages féminins. Alors, bien sûr que le livre est un hymne à la splendeur de la nature et une stigmatisation claire de la folie des hommes à faire saigner la planète mais sa créativité poétique en fait un ouvrage hors-normes, dans un voyage entre le merveilleux et l'étrange, dans le sillage ailé d'un oiseau mythique.

Cinephile-doux
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le 29 juin 2022

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