L'Iliade
8.5
L'Iliade

livre de Homère ()

Après plus d'un mois de lecture, j'ai enfin achevé l'Iliade !

Pour commencer, ayant lu la traduction de Philippe Brunet, je ne peux que saluer la qualité du travail effectué dans l'ouvrage que j'ai eu entre les mains. Comme il l'explique si bien dans son introduction, il n'était pas choses aisée de traduire un monument tel que l'Iliade, surtout en se voulant le plus proche possible du texte d'origine, spécifiquement en conservant le rythme en hexamètre.

De surcroît, cette traduction possède de nombreux renvois en bas de page, et non tout empilé n'importe comment à la fin (Garnier-Flammarion devrait prendre exemple sur ça) ; notamment en notant les nombreux rapprochements entre un vers particuliers et un autre apparaissant plusieurs chants plus tôt, avec d'autres ouvrages (principalement l'Odyssée pour des raisons évidentes), ou, plus simplement, en apportant quelques précisions sur un passage donné. Outre les notes de bas de page, un « répertoire des noms et des épithètes remarquables » est présent à la fin de l'ouvrage, sorte d'annuaire très pratique recensant la plupart des noms mentionnés dans l'ouvrage, apportant une brève explication sur leur rôle et nous indiquant le chant ainsi que le vers dans lequel ils sont mentionnés.

L'intro peut tout de même paraître un peu « lourde » par moment, donnant l'impression que le traducteur pratique l'art de l'autobuccogénitalité, mais quand on a pris autant sur son temps pour rédiger une traduction aussi qualitative (« Il a fallu vingt ans de travail, d'attente, de reprises »), il faut admettre que la pratique a toute sa place ici.

Bref, vu que tout a été fait pour rendre la lecture de l'Iliade le plus agréable possible sans pour autant trahir le texte d'origine, je ne peux que vous recommander de vous tourner vers cette traduction.


Concernant l'Iliade en lui-même, si l'ouvrage a mal vieilli sur de nombreux points, il reste tout de même globalement agréable à lire.

Le plus dur est très clairement de « rentrer » dans le bouquin : celui-ci débutant in media res. Je dois avouer que je me suis très vite perdue dans cette myriade de noms et autres références plus ou moins obscures pour le simplet que je suis : j'ai eu l'impression de lire les pages blanches par moment. Le pire des chants à ce niveau-là étant sans nul doute le second dans lequel Homère nous narre premier degré l'origin story de tous ceux qui sont partis à Troie il y a 10 ans. Pour vous dire, ça en deviendrait presque plus agréable de lire les généalogies présentes dans le Pentateuque.

Heureusement, les scènes de batailles sont hyper prenantes. Même si la profusion de noms propres reste présente dans ces cas-là, on se retrouve confronté à des scènes très violentes à base de crânes éclatés et d'yeux sortis de leurs orbites : un plaisir de tout instant pour le psychopathe que je suis.

Sans surprise, les chants sont inégaux. Pour le coup, ce sont les premiers et derniers chants de l'Iliade que j'ai trouvé les moins agréables à lire (les deux premiers ainsi que les deux derniers s'il fallait être vraiment précis). Il faut dire aussi qu'en plus de donner l'impression de tourner en rond par moment et de bien prendre son temps, que l'épopée nous divulgâche elle-même la suite de l'histoire : les Troyens vont perdre, Achille va mourir… les dieux l'ont décidés ainsi, amen. De surcroît, certains passages qu'on considère comme faisant partis de l'Iliade, du moins pour le commun des mortels, ne le sont en fait pas du tout. Par là, il faut comprendre que vous faites fausse route si vous vous attendez à lire un chant relatant la mort de notre héros aux pieds rapides ou l'entrée du cheval dans Troie : l'Iliade ne comporte aucun passage de ce genre. La mort d'Achille étant relatée dans l'Éthiopide d'Arctinos de Milet et l'introduction du cheval dans Troie dans la Petite Iliade de Leschès de Pyrrha. Malheureusement, vous n'aurez que vos yeux pour pleurer face au fait qu'une bonne partie des épopées du cycle troyen ont été perdus.

Cela n'empêche pas le fait que l'Iliade possède de nombreux passages marquants. Parmi mes préférés, je pourrais citer la rencontre entre Diomède et Glaucos lors du sixième chant, la confection (l'ekphrasis) des armes et du bouclier d'Achille par Héphaïstos lors du dix-huitième chant ou encore l'affrontement entre le Scamandre et Achille lors du vingt-et-unième chant.

Si on peut s'attacher aux différents personnages et voir certains d'entre eux comme des modèles, notamment à travers l'opposition entre Agamemnon et Achille, entre l'honneur du chef et celle du guerrier ; on peut tout aussi bien lire l'épopée d'une manière plus cynique, comme si nous avions affaire à un ouvrage dans lequel les dieux jouaient avec leurs pions. Contrairement aux mortels, quand les dieux s'affrontent, ils ne se tuent pas, mais se blessent « gentiment » au mieux : par moment, le conflit semble davantage se rapprocher d'un jeu, voir d'un simple confit d'égo, plutôt que d'un véritable affrontement. Je pourrais tenter d'approfondir cette partie-là, d'évoquer la double lecture permise par l'épopée ; malheureusement, cette critique n'ayant pas pour but d'analyser l'œuvre en long et en large, et n'ayant de toute façon pas les compétences pour le faire, je ne peux que vous recommander de vous tourner vers le trilliard de références portant sur ce sujet si cela vous intéresse.


Bref, encore aujourd'hui, l'Iliade n'a toujours pas à rougir de sa réputation. Si certains passages peuvent paraître longuet et que la prévisibilité du poème peut se révéler frustrante par moment, j'ai tout de même pris beaucoup de plaisir à lire l'épopée dans l'ensemble. Un indispensable pour peu que vous souhaitiez parfaire votre culture littéraire ou vous intéresser à la culture hellénistique… mais ça vous le savez déjà, j'imagine ?

MacCAM
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le 16 déc. 2022

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