Que n'ai-je pas lu sur cette grande œuvre de Boris Vian ! La "poésie du nénuphar" ! La "fantaisie de la souris qui séduit la jeunesse" ! Du "romantisme ironique" !
A coup sûr, l'écrivain y mit beaucoup de lui. Le personnage de Colin lui sied à merveille, entouré de son "cuisinier à tout faire" et de sa "Chloé".
Mais, mon côté Bûcheron ne s'est pas épris de son écriture pas plus que de ses protagonistes.
J'ai du trop lire de littérature américaine ou japonaise : cette écriture - égocentrée et urbaine - m'enferme dans un monde aux valeurs indécryptables.
Je n'y ai trouvé que :
- misogynie, les femmes semblant adorer les seconds rôles basés sur leurs seuls physiques et les répliques futiles ;
- mœurs douteuses : Matzeff n'étant pas le seul à vanter la pédophilie, ce devait être tendance post 2nde Guerre Mondiale apparemment ;
- élucubrations de riches dont le principal problème est de jouir de la vie.
Sur ce dernier point, j'avoue ne pas avoir côtoyé dans mon enfance Rostand ou Menuhin. Ni profité d'un héritage qui pousse à l'oisiveté et permet de se centrer sur son art. Je n'ai donc pas encore compris si les tirades sur le travail sont à prendre au 1er ou 2nd degré ("C'est idiot de faire un travail que les machines pourraient faire" sic).
Bref la tournure acerbe de ma critique est au niveau de l'intensité de ma déception.
D'un strict point de vue littéraire, je n'y ai pas trouvé mon compte :
- accumulation à outrance de "Jean-Sol Partre". OK Vian est fan du philosophe. Mais à quoi bon user et abuser de ce pseudonyme. Je sais qu'il a largement appliqué ce procédé pour son propre compte. Mais à force, j'ai trouvé la série Jean-Sol super lourde...
- phrases convenues que le lecteur peut finir lui-même en lieu et place de l'écrivain. Vian s'est voulu "touche à tout" ET je ne trouve pas qu'il ait excellé dans l'art littéraire : absence de champs lexicaux pour créer des ambiances, usage de répétitions en lieu et place de synonymes...
- métaphores incompréhensibles et de style humoristique qui visent à développer le thème de l'absurdité (de la vie ou de la société).
- enfin, l'histoire en général à l'image de l'omniprésence des souris positionnent l'Ecume des jours comme un conte pour adolescent. Dixit Boris, "la souris est la première à percevoir un changement dans la maison de Colin : le soleil n’y brille plus comme avant".
Quant au rythme de l'écriture, je me suis essayé à lire le livre sur un fond de Duke Ellington... Eh oui, comme Boris, j'aime le jazz ! Hélas ça ne marche pas... Mais pas du tout du tout.
L'oeuvre est d'un romantisme lent et dont les émotions fleurtent une nouvelle fois avec les états d'âme propres à l'adolescence.
Bref le livre devient totalement "fleur bleue" dans sa 2nde partie et me semble au final bien loin du trip "jazz whisky fumée drogue sexe". Soit dit en passant, ce monde est magnifiquement mis en scène par Jay McInerney et Bret Easton Ellis. Les 2 en ont d'ailleurs tiré une morale bien loin de celle de Boris Vian puisque leurs histoires nous poussent à l'écœurement.
Et justement, quel est le sujet du livre ?
Le scénario n'est pas le point fort, soit. Je ne m'attendais pas à lire les Misérables.
De là à ne retrouver aucun thème sous-jacent si ce n'est l'appel à profiter de la jeunesse dorée pour quelques privilégiés dans un monde absurde.
Je redoute que de sujet il n'y ait point. Zazou zazou zazou...
En résumé, un livre pour les fans d'un certain type d'humour ou à parcourir comme le témoignage d'une vie révolue.