L'Écume des jours
7.5
L'Écume des jours

livre de Boris Vian (1947)

Que n'ai-je pas lu sur cette grande œuvre de Boris Vian ! La "poésie du nénuphar" ! La "fantaisie de la souris qui séduit la jeunesse" ! Du "romantisme ironique" !


A coup sûr, l'écrivain y mit beaucoup de lui. Le personnage de Colin lui sied à merveille, entouré de son "cuisinier à tout faire" et de sa "Chloé".
Mais, mon côté Bûcheron ne s'est pas épris de son écriture pas plus que de ses protagonistes.
J'ai du trop lire de littérature américaine ou japonaise : cette écriture - égocentrée et urbaine - m'enferme dans un monde aux valeurs indécryptables.


Je n'y ai trouvé que :
- misogynie, les femmes semblant adorer les seconds rôles basés sur leurs seuls physiques et les répliques futiles ;
- mœurs douteuses : Matzeff n'étant pas le seul à vanter la pédophilie, ce devait être tendance post 2nde Guerre Mondiale apparemment ;
- élucubrations de riches dont le principal problème est de jouir de la vie.
Sur ce dernier point, j'avoue ne pas avoir côtoyé dans mon enfance Rostand ou Menuhin. Ni profité d'un héritage qui pousse à l'oisiveté et permet de se centrer sur son art. Je n'ai donc pas encore compris si les tirades sur le travail sont à prendre au 1er ou 2nd degré ("C'est idiot de faire un travail que les machines pourraient faire" sic).


Bref la tournure acerbe de ma critique est au niveau de l'intensité de ma déception.


D'un strict point de vue littéraire, je n'y ai pas trouvé mon compte :
- accumulation à outrance de "Jean-Sol Partre". OK Vian est fan du philosophe. Mais à quoi bon user et abuser de ce pseudonyme. Je sais qu'il a largement appliqué ce procédé pour son propre compte. Mais à force, j'ai trouvé la série Jean-Sol super lourde...
- phrases convenues que le lecteur peut finir lui-même en lieu et place de l'écrivain. Vian s'est voulu "touche à tout" ET je ne trouve pas qu'il ait excellé dans l'art littéraire : absence de champs lexicaux pour créer des ambiances, usage de répétitions en lieu et place de synonymes...
- métaphores incompréhensibles et de style humoristique qui visent à développer le thème de l'absurdité (de la vie ou de la société).
- enfin, l'histoire en général à l'image de l'omniprésence des souris positionnent l'Ecume des jours comme un conte pour adolescent. Dixit Boris, "la souris est la première à percevoir un changement dans la maison de Colin : le soleil n’y brille plus comme avant".


Quant au rythme de l'écriture, je me suis essayé à lire le livre sur un fond de Duke Ellington... Eh oui, comme Boris, j'aime le jazz ! Hélas ça ne marche pas... Mais pas du tout du tout.
L'oeuvre est d'un romantisme lent et dont les émotions fleurtent une nouvelle fois avec les états d'âme propres à l'adolescence.
Bref le livre devient totalement "fleur bleue" dans sa 2nde partie et me semble au final bien loin du trip "jazz whisky fumée drogue sexe". Soit dit en passant, ce monde est magnifiquement mis en scène par Jay McInerney et Bret Easton Ellis. Les 2 en ont d'ailleurs tiré une morale bien loin de celle de Boris Vian puisque leurs histoires nous poussent à l'écœurement.


Et justement, quel est le sujet du livre ?
Le scénario n'est pas le point fort, soit. Je ne m'attendais pas à lire les Misérables.
De là à ne retrouver aucun thème sous-jacent si ce n'est l'appel à profiter de la jeunesse dorée pour quelques privilégiés dans un monde absurde.
Je redoute que de sujet il n'y ait point. Zazou zazou zazou...


En résumé, un livre pour les fans d'un certain type d'humour ou à parcourir comme le témoignage d'une vie révolue.

Raider55
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste En 2021, les livres de ma bibliothèque que je n'ai pas (eu) le courage de lire

Créée

le 2 janv. 2021

Critique lue 227 fois

Raider55

Écrit par

Critique lue 227 fois

D'autres avis sur L'Écume des jours

L'Écume des jours
Pravda
5

Un Colin dans l'Ecume... vraiment ?

Je me suis ennuyée durant la première moitié… (mais le livre est court, alors j’insiste et termine) La seconde partie, quand tout commence à aller mal, est passée plus facilement… (mon côté vautour...

le 26 avr. 2013

78 j'aime

6

L'Écume des jours
pphf
8

Pianocktail et passage à tabac de contrebande

Très singulier destin que celui de l’Ecume des jours : passée totalement inaperçu lors de sa publication, Vian n’était pas considéré comme un romancier, ingénieur, musicien, parolier, habitué de...

Par

le 17 janv. 2015

46 j'aime

L'Écume des jours
Vividly
10

Ecrire en Jazz....

"Il y a seulement deux choses: c'est l'amour, de toutes les façons, avec les jolies filles et la musique de la Nouvelle-Orléans ou de Duke Ellington. Le reste devrait disparaître car le reste est...

le 20 févr. 2011

32 j'aime

1

Du même critique

L'Élégance du hérisson
Raider55
5

1 chapitre sur 2

Ils sont des livres dont on se souvient toute sa vie. Mais avec un sentiment de satisfaction modéré, tiède. Celui-ci en fait partie. Et pourtant il était précédé d'une belle réputation - due à de...

le 7 juil. 2021

10 j'aime

9

L'Âge d'or, tome 2
Raider55
8

Si beau et si frustrant à la fois

Ce tome de l'âge d'or est le 2nd de l'histoire et clôture donc magistralement cette quête de pouvoir médiévale. Son graphisme si particulier en est toujours la particularité. Au risque évidemment de...

le 5 déc. 2020

9 j'aime

Tao te king, un voyage illustré
Raider55
10

"Les paroles éloquentes ne sont pas vraies"

Je n'ai que trois choses à enseigner : la simplicité, la patience, la compassion. Je ne m'attendais pas à retrouver une sagesse aussi terrienne dans le Tao te king. Bien sûr, le symbolisme et...

le 3 mai 2021

8 j'aime