L'Écume des jours
7.5
L'Écume des jours

livre de Boris Vian (1947)

On m’avait dit, Boris Vian, c’est un type merveilleux qui écrit des bouquins merveilleux. Vraiment, fais pas ta sceptique sans cœur face à l'enthousiasme de tes semblables, lis avant de juger, allez, vas-y !

C’était il y a quelques années déjà. Alors depuis, j’ai lu. Et dès les premières pages, je suis tombée sous le charme. D’une écriture tellement particulière, qui sait se faire surprenante sans nous perdre, bourrée de néologismes, des scènes improbables qui se succèdent et qui sont un véritable régal pour l'imagination. Il suffit d'oublier quelques heures le scepticisme habituel et accepter l'invitation au voyage de Boris.
Un monde où les animaux parlent, où on peut posséder un pianocktail, ça ne vous fait pas rêver ? Ben moi, si. Même si, au vu de mes talents au piano, j'aurais pas osé goûter mes propres cocktails.
Et à chaque nouvelle page, on est enchantés, par cette simplicité apparente de l’écriture, ces évènements qui s’enchaînent avec fluidité et cette histoire qui va nous aspirer, nous faire rêver, pour encore mieux nous fendre le cœur.

On écoute les malicieux commentaires de la petite souris, qui apparaît finalement comme le miroir de l’âme de Colin, on regarde avec un étonnement un peu effaré la folie de Chick pour Jean-Sol Partre qui va bien gentiment le mener aux plus sombres extrémités. Allez, on continue d'avancer, sur la spirale de l'onirisme.
Dans ce livre, Vian nous invite dans un imaginaire bien loin du réel où nous vivons, dans lequel, au fond, on se laisse joyeusement porter. Parce que c'est fascinant, parce que ça fait oublier tout le reste, parce qu'on s'imagine être autrement.
On croirait presque qu’il essaie de nous faire oublier que son histoire d’amour se finit mal. Pour ensuite mieux nous rappeler sa cruauté. On recule et on trébuche avant d'avoir pu sauter.

Parce que l’Ecume des jours, c’est un peu ça. Une fin triste, mais tellement chargée de poésie, avec cette chambre qui rétrécit, qui étouffe comme Chloé, et avec laquelle on se sent étouffé aussi.
On a même le malheur de la croire sauvée, un court instant. Ah, le beau rêve ! Non, Boris a décidé de nous achever et il nous achèvera, que cela soit dit.

Mais finalement, un nénuphar, c’est toujours plus joli qu’un cancer, non ?

Créée

le 12 déc. 2012

Modifiée

le 9 janv. 2014

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ManouNyu

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