Après Zoyâ Pirzâd (dont la dernière publication remonte à longtemps, que devient-elle ?), les éditions Zulma accueillent en leur sein une nouvelle écrivaine iranienne, Nasim Marashi, avec son premier roman, L"automne est la dernière saison. Celui-ci, et c'est important pour en saisir le contexte, date de 2015 et décrit le quotidien, les aspirations et les hésitations de trois amies, qui se sont connues à l'université. Elles prennent la parole à tour de rôle dans ce récit qui livre leurs états d'âme alors qu'elles semblent à un tournant de leur existence. L'une, journaliste, et qui semble la plus proche de l'autrice, tente de se remettre du départ de son compagnon à l'étranger ; la seconde, courtisée par un collègue de bureau, se demande si elle veut vraiment se marier avec lui, et de ce fait ne plus s'occuper de son frère, handicapé mental, qu'elle chérit ; quant à la dernière, elle dépérit de son côté dans l'attente d'un visa d'études pour la France. Le thème de l'abandon est donc omniprésent dans ce triple portrait, à bien des égards universel, mais cependant ancré dans la réalité iranienne avec ce dilemme : partir ou rester. Bien entendu, il n'est pas question ici de critiquer le régime théocratique ni de s'enfoncer dans une trop grande noirceur (le troisième roman de Nasim Marashi a été totalement interdit dans son pays) mais il est assez facile de lire entre les lignes le désarroi de ces jeunes femmes qui disposent d'une assez grande liberté de décision mais dont les contraintes dans leur vie de tous les jours, jamais explicites, ressortent en filigrane. C'est un roman mélancolique, presque dépressif par endroits, et dont les dernières lignes ne marquent non pas une fin mais une sorte de cul-de-sac existentiel dont on espère que les trois héroïnes de L'automne est la dernière saison se sortiront sans dommage.

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le 18 févr. 2023

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