Hypérion appartient à cette catégorie de livres que tout amateur de SF se doit de lire un jour ou l’autre, ou à défaut de garder à l’œil. Son statut de classique semble tellement évident de nos jours qu’on peut être surpris de découvrir qu’il n’a en fait été écrit par Dan Simmons qu’en 1989, avant de paraître en français en 1991. Hypérion et ses suites (La chute d’Hypérion, Endymion et l’Eveil d’Endymion) constituent ensemble Les Cantos d’Hypérion. La récente réédition chez Pocket du premier opus de la saga m’a enfin fourni le prétexte idéal pour m’y plonger.

S’attaquer à un tel monument, quel que soit son genre, est toujours un peu intimidant. Pourtant, Hypérion se laisse aborder très facilement. En fait, pas question ici d’introduction kilométrique : le lecteur est très rapidement plongé au cœur de l’histoire, passé un court prologue chargé de poser les bases. Quelles sont-elles, d’ailleurs, ces bases ? Les voici. Dans un avenir lointain, l’humanité s’est étendue sur un tout un tas de planètes, certaines intégrée à l’Hégémonie (une espèce d’Empire), d’autres n’étant que de simples colonies. Une de ces dernières, la planète Hypérion, est très particulière. D’étranges bâtiments, Les Tombeaux du Temps, y abritent une créature aussi légendaire que meurtrière : le gritche. Vénérée par beaucoup, elle fait régulièrement l’objet d’un pèlerinage. Or les Tombeaux du Temps menacent de s’ouvrir sous peu, et le gritche s’est mis à massacrer dans des régions où il n’avait jamais mis les pieds auparavant. Pour épicer le tout, on a repéré une menaçante flotte d’Extros (des êtres humains évoluant depuis longtemps hors de l’Hégémonie) en route pour Hypérion. En gros, des événements majeurs impliquant l’ensemble de l’humanité se préparent, et ça risque de ne pas être joli-joli.

Ce premier opus suit les sept pèlerins envoyés vers les Tombeaux du Temps pour y rencontrer le gritche. On y trouve un poète, un soldat, un diplomate, une détective, un prêtre, un chercheur et un Templier, tous désignés par l’Eglise gritchèque pour accomplir ce pèlerinage essentiel. Si chaque pèlerin a de bonnes raisons d’avoir été choisi, il va de soi qu’un poète n’a pas le même vécu qu’une détective aguerrie. Et ça tombe bien, car ils nous racontent tous leur histoire, rendant le roman d’autant plus riche par la variété des thèmes qui y sont abordés. Chaque récit est l’occasion de découvrir une nouvelle facette du monde inventé par Dan Simmons, et ce dernier n’y a pas été de main morte. Là où des passages ont tout du space opera, d’autres font davantage penser au style policier ou naviguent vers des rivages bien plus ésotériques. Politique, poésie, philosophie, écologie, cyberpunk, fantastique : il y en a pour tous les goûts dans Hypérion.

Par certains côtés, Hypérion ressemble à une version modernisée du cycle de Fondation d’Isaac Asimov. Les enjeux y sont nombreux, les personnages complexes et il semble clair que quatre livres ne seront pas de trop pour en arriver à bout vu le nombre de questions laissées en suspens. Pour autant, si une certaine frustration peut être de mise une fois la dernière page tournée, c’est avant tout la satisfaction qui prime : celle d’être immergé dans une sacrée belle histoire qui promet encore de nombreux bons moments.
Nonivuniconnu
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le 26 oct. 2014

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