Contexte
Les années 80 sont, à mon sens, le dernier un âge d'or de la science-fiction américaine. Asimov publiera ses dernières oeuvres pour conclure ses sagas initiées trente ans plus tôt entre 85 et 87, Philip Dick est mort en laissant son oeuvre telle un monolithe insurpassable, Clifford Simak publiera jusqu'au bout mais finira par rendre l'âme en 1988 peu avant Heinlein... Bref, l'arrière-garde américaine du roman de SF s'éteint en laissant assez de matériel de qualité pour que le genre remplisse encore suffisamment les salles obscures (avec des oeuvres plus ou moins bien réussies).


Mais les livres n'ont pas dit leur dernier mot, et alors qu'en France la nouvelle vague des années 90 pointe le bout de son nez, certains auteurs américains publient encore sans avoir à rougir une seconde devant leur préstigieux prédécesseurs. Évidemment, parmis eux, on compte Dan Simmons.


Pourquoi qu'on lirait ça?
Hypérion est paru plus ou moins en même temps que l'échiquier du mal et tout deux sont devenus des classiques, l'un de science-fiction et plus particulièrement de space-opéra, l'autre de fantastique. C'est étonnant avec le recul étant donné le nombre de ficelles clichées que l'oeuvre utilise, les personnage sont à première vue caricaturaux, les chapitres disparates à souhait (du moins au début) et le style envoie le lecteur de but en blanc dans un jargon technique compliqué décrivant un univers qui ne l'est pas moins. Bon. Si on ajoute à celà le pavé que représente le bouquin en édition intégrale, ça ne donne pas franchement envie d'y passer du temps.


Pourtant ce livre mérite lecture par tout fan de science-fiction... voir même par tout amateur de littérature. Dan Simmons écrit bien, très bien même. Si le lecteur a tout d'abord l'impression d'être projeté au milieu du récit, à la manière de l'introduction d'un James Bond (plus Goldeneye que Demain ne meurt jamais par contre), le récit se décante par la présentation de ses protagonistes qui son au nombre de sept, et donc autant de quêtes à suivre. Ce n'est pas rien et leur récits biographiques, qui occupent la moitié sont prétextes à des développements de l'univers qui s'attardent chacuns sur un aspect spécifique de son contexte hisorique, politique ou géographique. En cela le roman fait la prouesse de bâtir des fondations extrèmement solides pour le récit à venir et à nous attacher au fur et à mesure à chaque personnage pour nous... pousser à lire ledit récit dans le tôme suivant.


Quoiqu'on en tire de ce bousin?
Car oui, le premier tôme des Cantos d'Hypérion n'est "que" la description et la mise en place de l'univers dans lequel l'action finale du second tôme prendra place mais quelle description mes aïeux. L'univers d'Hypérion fait partie des plus complets et cohérents que l'on puisse trouver dans le space-opéra. Si la quantité de planètes décrites n'est pas aussi impressionnantes qu'un Star Trek/Wars (le nombre de scénaristes n'étant pas le même...), leur développement et la diversité des cultures et des individus que l'on croise dans l'oeuvre méritent les félicitations du jury. On notera par ailleurs une diversité dans les genres de SF eux même par lequel le récit passe, commençant par un chouette clin d'oeil aux pulp des années 30 pour aller doucement vers le cyberpunk en passant par le space-opera guerrier. Le rythme du récit suit aussi la vitesse à laquelle l'action se déplace dans l'espace, le temps et selon la compagnie que l'on suit, tantôt rapide (souvent synonyme de bagarre), tantôt lent (souvent synonyme de non-bagarre), toujours dynamique. Au final on se retrouve autant à se demander où le chemin des pélerins d'Hypérion les emmène que ce qui les a poussé à y venir et surtout, pourquoi?


Cette dernière question est laissée entière pour le deuxième tôme sans lequel celui-ci ne se pense pas. Malheureusement pour ceux qui sont allés jusqu'au bout sans apprécier, l'oeuvre ne se révèle qu'après lecture de ce deuxième livre qu'est "La chute d'Hypérion" (que je noterai aussi bien que le premier tant les deux sont pour moi inséparables). D'ailleurs, qu'on l'aime ou non, ce livre laissera, à mon sens, rarement indifférent. Peut être que bientôt trente ans après sa publication, l'empreinte qu'il a laissé dans le genre de par son succés rend certains de ses moyens de narration clichés et certaines de ses idées vieillotes mais la pelote des ficelles utilisées se détricote avec un tel brio qu'on ne peut que rester admiratif devant le travail accompli. Allez, un jour je parlerai autant de la suite...


Conclusion lapidaire et inappropriée
Le mot de la fin? Salubrité.

Gerbe
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le 17 août 2016

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Gerbe

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