All about Alfred

Ouvrage hommage à Hitchcock, publié en 57 soit juste avant la fournée de chefs-d’œuvre qui l’ont définitivement consacrés aux yeux de la cinéphilie mondiale. Le timing est assez amusant d’ailleurs ; c’est comme si Chabrol et Rohmer avaient pressenti l’imminence d’un basculement et s’était efforcé d’en étudier la généalogie.

Les auteurs ont préféré à une approche thématique une étude chronologique et exhaustive de l’œuvre du cinéaste, c’est-à-dire qu’ils retracent toute la filmographie d’Hitchcock, de ses premiers films à l’année de la publication. Parti-pris qui rend la lecture terriblement fastidieuse ; on a l’impression de passer plus de temps à lire des synopsis détaillés de chaque film qu’une analyse d’œuvre, le fait que je ne sois pas fan de Hitchcock (il paraît que ça se soigne) n’a sans doute pas aidé. Qui plus est, du coup ils ne prennent jamais vraiment le temps de disséquer méthodiquement un film, et les survole tous. On parle plus de « thèmes », de parti-pris théoriques, bref, de littérature, que de procédés cinématographiques.

Cela dit le livre a le mérite de souligner des récurrences intéressantes dans ses films, de mettre en avant une période de son cinéma aujourd’hui assez mal connue, de montrer factuellement comment le cinéaste jongle d’un film à l’autre entre expérimentation et obligation commerciale, pour rassurer le public et les producteurs d’une main et tenter d’y insérer des parti-pris formels audacieux de l’autre. Même quand on ne l’adore pas trop ça permet de mieux comprendre ses propres réserves.