[Attention critique énervée, brutale, véhémente et pas contente]


D'aucuns pourraient juger le titre de cette critique vulgaire, eh bien c'est tant mieux car c'est exactement ce qu'est ce livre. Vulgaire. Et cette critique l'est aussi, y a pas de raison.


Je ne connais pas Gérard Mordillat, n'avait jamais entendu parler de son oeuvre jusqu'ici et n'ai aucune bonne raison de lui en vouloir si ce n'est ce livre, Hamlet le vrai.


Bon déjà, tu passes ton chemin, c'est pas le vrai Hamlet, certainement pas la version originelle écrite à quatre mains par Kyd (plus ou moins un des maîtres de Shakespeare) et Shakespeare, c'est une connerie, une amusaille d'universitaire en manque de succès de niche, c'est Hamlet réécrit par un étudiant tout frustré que la vraie pièce ne rentre pas dans l'interprétation qu'il en fait et qui, pour se venger sans doute de ce que Shakespeare n'ait pas suffisamment compris les enjeux réels de son chef d'oeuvre, mâche et broie les quelques critiques un peu fantaisistes qu'il a trouvées sur Konbini pour vomir une version pâle, vulgaire, bourrés de clins d'oeil pour bien signifier que "eh t'as vu, moi aussi j'suis Shakespeare trololo."


A ce gamin, je dirais bien de la fermer, de relire la pièce et de manger un peu de respect mais le Mordillat est loin d'être un gamin et en plus, le type a l'air loin d'être con. Mais là, pour le coup, c'est vraiment le blaireau qui s'amuse à lancer des bouteilles de bière pour faire croire que les dieux sont tombés sur la tête, et bourrés en plus.


"La vraie question n'est pas "Être ou ne pas être ?" mais "Qu'est-ce que la vérité ?" "
Mais mais mais... mais ta gueule !


Quiconque a déjà lu des pièces de Shakespeare et de Kyd ne peut pas mordre ne serait-ce qu'une seule seconde à l'hameçon. ça ne respecte même pas les codes d'une époque et des auteurs que ça veut pasticher, merde quoi. C'est pas si compliqué pourtant. Shakespeare, si, évidemment, Shakespeare c'est la transcendance dans la littérature. Mais Kyd, ça passe. Ben là, même pas. Le gars n'a pas relu La Tragédie Espagnole (c'est sa pièce qui se rapproche le plus d'Hamlet, une tragédie de la vengeance), c'est certain. Je ne suis même pas sûr qu'il a relu Hamlet.


Et en plus, ça balance que les interprétations psychanalytiques c'est nul pour te justifier, dans le dos, un Hamlet libertin bisexuel qui a envie de se taper sa mère et qui bute Claudius à cause de ça. OEDIPE ! Ecoute, mon vieux Mordillat, chacun ses fantasmes. Que tu penses qu'Hamlet veut se taper sa mère, qu'il est amoureux d'Horatio, qu'Ophélie n'est qu'une conne qu'il abuse impunément, mais fais-toi plaisir. Chacun lit la pièce comme il veut. Il pourrait bien se faire sucer par le crâne de Yorick pour ce que ça m'importe.


Parce que c'est ça le noeud du problème. On n'en a rien à foutre de la sexualité d'Hamlet, de Claudius ou de l'abbé de Mescouillessurtonnez (aussi appelé Père Dindon) qui passait par là. Hamlet c'est brillant parce que c'est la tragédie de l'inaction, de la vengeance délayée, de la punition qui ne vient pas, de la justice impuissante face aux lenteurs des preuves et au déchaînement soudain des passions. Et l'espèce de brouillon qui a préfiguré le chef d'oeuvre ? Un soap opéra à peine trash à base de frustrations prépubères et de libertinages post-adolescents. C'est à Hamlet ce qu'Ubu-Roi est à Macbeth, sans rire, sans brio, sans classe, sans valeur. ça n'a du potache que le vulgaire. De l'hommage que la citation. Du royaume de Danemark que ce quelque chose de pourri.


ça m'énerve d'autant plus (parce que pour ceux qui seraient passés à côté, oui, je suis énervé), que j'étais hyper hypé par le délire. Quoi ?! Un proto-Hamlet ! Mais c'est génial ! C'est fantastique ! Et tout pris que j'étais par cette folle espérance, je me laissais bercer par les thèses iconoclastes de la préface (qui est plus un prologue en réalité.) Il m'en faut beaucoup pour me sortir de l'illusion dans laquelle on m'a introduite. J'ai cru, j'ai douté, je n'ai plus douté, j'ai tout rejeté en bloc. Ah bonne blague vraiment ! Que le mauvais bougre qui a tiré sur ton doigt pour que tu puisses péter cette daube en toute impunité se dénonce !


Putain !

thomashb
1
Écrit par

Créée

le 14 avr. 2016

Critique lue 728 fois

2 j'aime

Critique lue 728 fois

2

D'autres avis sur Hamlet le vrai

Hamlet le vrai
Cachalot
3

Hamlet le Faux

[Spoiler Alert : il est conseillé de lire Hamlet le Vrai avant de lire cette critique, qui risquerait de totalement modifier votre approche du livre. Après, démerdez-vous.] Il s'agit d'un livre...

le 14 avr. 2016

1 j'aime

Du même critique

Incendies
thomashb
2

On se repentira de l'avoir aimé

Wajdi Mouawad ne fait que reprendre de vieux mythes pour les encastrer dans un monde contemporain qui n'est pas fait pour les accueillir. ça a un ptit côté OEdipe, un ptit côté Electre, un gros côté...

le 10 juil. 2012

11 j'aime

1

Traité d'athéologie
thomashb
2

Critique de Traité d'athéologie par Thomas Husar-Blanc

Si j'en crois mes souvenirs (je l'ai lu il y a quelques années), c'est une bien triste oeuvre mal écrite et mal pensée qui prône un athéisme militant, c'est-à-dire une renonciation aux signes...

le 20 sept. 2013

8 j'aime

3

Au bout du labyrinthe
thomashb
8

Pas du grand Philou mais surement pas du p'tit Philou

Comme toujours avec Dick, du moins selon moi, le gros problème c'est que c'est mal écrit/traduit (jamais lu en anglais et je ne sais même pas si je saurais reconnaître un style désagréable). Une fois...

le 11 mars 2013

5 j'aime