Le prix Alfaguara est l'un des plus prestigieux pour les romans parus en langue espagnole. Ces dernières années, les colombiens Jorge Franco, Juan Gabriel Vasquez, le péruvien Santagio Roncagliolo et le chilien Hernan Rivera Letelier figurent parmi les lauréats. Belle brochette ! Et, en 2015, la compatriote du dernier cité, Carla Guelfenbein, l'a emporté avec Etre à distance, couronnant une romancière dont a pu déjà apprécier en France trois livres dont l'excellent Nager nues. Contigo en la distancia (il manque dans le titre français ce contigo : avec toi, qui est pourtant essentiel) est sans doute encore meilleur que ses ouvrages précédents, plus ambitieux avec sa construction arachnéenne (mais limpide) et sa profondeur des sentiments. Il peut être considéré comme une sorte de thriller littéraire, qui dévoile une imposture et un secret, mais ce n'est pas ce qui touche le plus dans ce livre qui explore les relations amoureuses avec finesse, ses limites, ses obstacles et ses déceptions. Cette simple phrase illustre les tourments de tous les personnages : "Et je me dis que le bonheur et la douleur allaient ensemble, et que nous ne pouvions pas savoir à l'avance quand l'un ou l'autre prendrait l'avantage." Tour à tour, Daniel, Emilia et Horacio prennent la parole. Les deux premiers vont se rencontrer à Santiago, le troisième, bien plus âgé, raconte sa vie dans une longue lettre adressée à Emilia. Mais tous ne sont que des satellites de Vera, une vieille dame dans le coma, femme de lettres célèbre et mystérieuse à laquelle ils sont liés, chacun de façon différente. L'écriture de Carla Guelfenbein, joliment traduite, s'exprime dans un style d'une grande élégance, sur une trame mélancolique et nostalgique où les histoires d'amour finissent mal, en général, mais valent d'être vécues en laissant des souvenirs indélébiles.

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le 14 janv. 2017

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