Par le passé, l'écrivain australien Richard Flanagan nous a plus d'une fois enthousiasmés, notamment avec La route étroite vers le nord lointain. Avec encore un titre à rallonge, Dans la mer vivante des rêves éveillés, et une alléchante quatrième de couverture, son nouveau livre semblait plus que prometteur. Eh bien, il est un peu décevant, à vrai dire, disons que l'impression est mitigée avec un mélange de réalisme et de situations métaphoriques, pour témoigner de la progressive disparition du vivant dans un monde en surchauffe. Et plus on avance dans le roman, plus celui-ci déconcerte, voguant peu ou prou vers les rives du fantastique. Le pilier du livre, bien fragile, est Anna, de plus en plus fréquemment au chevet de sa mère à l'hôpital, accompagnée de ses deux frères. L'agonie est longue et perturbante pour une fille qui non seulement perd ses repères, mais aussi certains membres : un doigt, un sein, un genou qui disparaissent soudainement sans faire ciller quiconque dans son entourage. Étrange phénomène, au moment où les incendies font rage dans toute l'Australie et où des espèces animales, comme la perruche à ventre orangé, sont sur le point de disparaître. Le livre, placé sous le signe des disparitions, l'est également dans l'écriture même de Flanagan avec parfois une ponctuation absente, on ne sait pourquoi. Son talent de conteur est toujours là mais peu à peu noyé dans une allégorie qui a du mal à convaincre. Si le roman peut être considéré comme un cri d'alarme environnemental, avec en première ligne la souffrance de la Tasmanie, la chère île natale de l'auteur, sa facture, à la fois éthérée et morbide (la mort lente de la mère), a de quoi rendre circonspect.

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le 17 févr. 2022

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