Dalva est une œuvre protéiforme avec pour thème principal la cause des peuples premiers, évoquant plus précisément les Sioux.
L'histoire a pour résonance plusieurs époques.
L'action principale, celle du présent, se situe en 1986. Les personnages principaux ont des personnalités liées à cette époque. Dalva et sa mère sont des femmes libres. Dalva et sa sœur peuvent paraître excentriques. Dalva a une grande sensibilité, perçoit le monde avec une grande finesse et beaucoup de générosité. Michael, lui, est plus fragile, plus à la marge, en décalage et perdu dans le monde moderne.
En présentant l'histoire de Dalva, ses blessures, ses échecs, son chemin de vie, on est dans une autre époque. Celle de la fin des années 50, dans le Nebraska. C'est l'occasion d'être immergé dans la vie d'une famille de riche propriétaire avec le grand-père de Dalva, qui est à moitié sioux. Voici ce que dit ce personnage, alors qu'il lui reste quelques jours à vivre :
" Je vous remercie de vous inquiéter de mon sort, mais je retourne à la terre et je n'imagine pas meilleur endroit."
Sage, simple et puissante pensée indienne.
Il y a aussi le personnage de l'arrière grand-père, que l'on retrouve grâce au travail de Michael, une sorte de fouineur d'archives, euh... d'historien. On est alors propulsé dans l'Histoire, de la deuxième moitié du XIXème siècle. Cet arrière grand-père, qui se nomme Northridge, est blanc, botaniste, intrigué par la nature et il parle sioux. Voilà ce qu'il se passe quand celui-ci rencontre des "indiens" dans le Nebraska de 1866 :
" Gros Ventre a ensuite consulté le medecine man en privé et quand ils sont revenus près du feu où je touillais la bouilloire de thé et celle des fruits, Gros Ventre a dit : " tu es trop bizarre pour qu'on te tue. Le vieil homme dit que te tuer attirerait le mauvais sort sur nous." Comme ils riaient tous à gorge déployée, je les ai imités, mais sans grande conviction. "
Puis parfois, les personnages laissent place à Jim Harrison lui-même. Il utilise toujours la voix des personnages pour s'exprimer, mais l'on sent qu'il va plus loin. Il y a cette idée aussi géniale que terrifiante :
" Si les nazis avaient gagné la guerre, l'holocauste aurait été mis en musique, tout comme notre cheminement victorieux et sanglant vers l'ouest est accompagné au cinéma par mille violons et timbales."
Ensuite, il y a tous les autres personnages secondaires, ils sont vivants, d'une véracité profonde. Ces indiens désabusés, ce vieillard respectant autant le vieux monde que la bière, la sœur qui cherche l'amour impossible etc.
Pour finir, il y a un beau personnage, que l'on suit du début jusqu'à la fin du roman et qui n'est pas Dalva, l'héroïne. Il s'agit de la nature, des paysages sauvages, de la géographie. On voyage en Californie, dans le Nebraska, en Arizona, dans le Michigan, au Mexique et même en Corée...