Un incontournable de la littérature russe

Dostoïevski est fort lorsqu'il s'agit de vous plonger dans la psychologie et dans les sentiments des personnages. Raskolnikov (protagoniste du roman) est un personnage totalement crédible. Mystérieux, ambigu, spécial, intrigant, il est très bien écrit et son histoire est passionnante à suivre.
Il est vrai que le roman tire sur quelques longueurs à certains moments, notamment au début de l'ouvrage où il faudra attendre une bonne cinquantaine de pages avant que le fil rouge de l'histoire se déclenche. Cela dit, j'ai tout de même trouvé une certaine pertinence à surexploiter certains passages. La majeure partie du temps, le roman est selon moi bien rythmé et il était nécessaire de s'attarder sur des moments particuliers afin d'exploiter les sentiments, les sensations des personnages par rapport au protagoniste.


Jusqu'à la fin du roman, on se demande bien comment tout cela va se terminer. Il y a un certain suspense qui tient le lecteur tout au long de cette histoire. D'autant plus que pour une fois, ce n'est pas une affaire criminelle ordinaire. Elle est montrée sous un angle radicalement différent de ce que nous avons l'occasion de lire, de plus, le roman ne peut se réduire à une enquête à suivre. Dostoïevski essaye plutôt d'explorer les sentiments d'un personnage dépassé par des évènements qu'il ne maîtrise plus, un être déchu, complètement déboussolé dans cette Russie du XIXe siècle. C'est donc bien la dimension psychologique et la philosophie de vie du personnage principal qui sont les éléments qui intéressent le plus l'auteur. Et si le protagoniste est très bien écrit, cela n'est jamais au détriment des autres personnages qui sont tous aussi intéressants les uns les autres. C'est d'ailleurs une constance chez Dostoïevski, un auteur qui aime donner de la matière et de la profondeur à l'intégralité de ses personnages, on a donc grand plaisir à ne pas se retrouver face à des coquilles vides.


Une lecture que je ne peux que recommander tant elle est époustouflante.

Tystnaden
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le 3 juin 2019

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