Connemara
7.3
Connemara

livre de Nicolas Mathieu (2022)

Connemara semble faire une quasi unanimité dans les louanges. D'où un certain embarras à faire valoir son propre avis, beaucoup plus mitigé, mais n'est-ce pas parce que chacun a sa propre vision de la littérature, sans oublier une vie, une sensibilité et des valeurs très personnelles qui influent nécessairement au moment de "juger"un roman ? Tout cela pour dire que le dernier livre de Nicolas Mathieu, s'il a le mérite d'un ancrage régional profond (cela fait du bien de sortir de Paris) peut agacer par un côté démonstratif, dans le sens où les destins individuels et intimes des différents personnages semblent participer d'une ambition sociologique profonde un peu trop catégorique. Attention, ce n'est pas pour cela que les deux héros du roman ne sont pas attachants, bien au contraire, mais Mathieu les condamne d'une certaine façon à une destinée prévisible selon un certain déterminisme social. En d'autres termes, il les cerne, voire les emprisonne, sans libre arbitre, le genre de choses qui agace certains lecteurs,, ceux qui aiment une littérature moins omnipotente et impérieuse. Par ailleurs, le style de Mathieu, qui se veut populaire, use et abuse de trivialité, comme avec l'utilisation du mot "meuf" qui revient parfois à une dizaine de reprises dans le même chapitre. Fille ou femme sont aussi des termes de tous les jours, non ? Pas convaincu donc par Connemara, ni par sa construction avec ses longs flashbacks vers l'adolescence, pourtant intéressants mais loin de valoir ceux de Une amitié de Silvia Avallone, par exemple, qui traite aussi, d'une façon très différents, des désillusions de l'âge adulte. Enfin, impossible d'approuver la description de l'entreprise de consultants, qui davantage qu'une satire frôle la caricature. A part cela, le roman a de la moelle et de la pertinence sur le thème éternel de la crise de la quarantaine et, plus globalement, de la question existentielle qui nous obsède tous, à savoir pourquoi notre vie est-elle moins belle que celle que nous projetions d'avoir, aux temps candides de l'enfance et de l'adolescence ?

Cinephile-doux
6
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le 25 févr. 2022

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