Hercule est mon ami. Hercule est belge et anglophile. Cet homme mûr, de petite taille et à la tête ronde, pourrait, avec ses cheveux teints et parfumés, ses extraordinaires moustaches cirées en croc, passer pour un simple dandy, s’il n’était pas reconnu comme l’un des meilleurs détectives privés de son temps. Cet ancien chef de la Sûreté de Bruxelles déteste se baisser et s’abaisser à collecter des indices. Il joue de ses charmes, du ridicule de sa mise et de son accent continental pour séduire et délier les langues. Il n’a pas son pareil pour gagner la confiance des témoins et suspects, que ce soit en les flattant, les irritant où les déridant. A l’image de son collègue Maigret, Hercule bouge peu, il écoute, observe et joue de ses “petites cellules grises“. Il trace un portrait psychologique de ses interlocuteurs, puis le compare à leurs déclarations. De cette confrontation, émerge la vérité.


Avec trois à quatre milliards de livres vendus, pour 67 romans, 190 nouvelles et 18 pièces de théâtre, Agatha Christie est l’écrivain anglo-saxon le plus lu au monde, après William Shakespeare ! Classique, elle respecte l’unité de temps (un temps court, quelques jours), de lieu (privilégiant les huis clos) et d’action. Agatha joue avec ses lecteurs, leur livrant assez d’indices pour découvrir la clef de l’énigme et susciter des vocations d’enquêteurs. Elle décrit admirablement son milieu d’origine, la gentry britannique des années trente, alliance de noblesse non titrée et de haute bourgeoise provinciale, attachée à ses terres, ses privilèges et ses préjugés. Qu’ils soient défenseurs retraités de l’Empire ou vieilles filles affairées à leurs bonnes œuvres, elle affectionne amiraux et colonels, magistrats et pasteurs, banquiers et négociants, leurs épouses, mères, maîtresses ou fiancées, sans négliger ce pur produit de l’aristocratie terrienne, aujourd’hui totalement disparu : le rentier.


Hercule apparaît dans une quarantaine de titres. Tout en conservant sa trame habituelle, Agatha varie habilement les situations. Ainsi, pour Les Cinq petits cochons, Hercule intervient seize ans après un meurtre : les indices ont disparu et les lieux du crime ont changé d’affectation. Cinq suspects demeurent : le timide Metedith Blake, son frère le prospère Philip, l’intrigante archéologue Angela Warren, la froide et fascinante Lady Dittisham, sans négliger la discrète gouvernante Cecilia Williams. Qui, jadis, a empoisonné l’égotique artiste-peintre Amyas Crale ?


Premier petit cochon est allé au marché
Deuxième petit cochon n'est pas sorti de chez lui
Troisième petit cochon a mangé tout le pâté
Quatrième petit cochon n'a rien eu pour lui
Cinquième petit cochon a pleuré groui, groui, groui...


PS. Papa achetait chaque jour du mois d’août un de ses livres, qu'il lisait après déjeuner. Une fois la collection complétée, il reporta sa passion sur Simenon et Exbrayat. Puis, les trois séries achevées, il entreprit de les relire. Je les ai dévorés à sa suite. Un excellent souvenir estival.

Step de Boisse

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