Nous rencontrons des problèmes techniques sur la partie musique du site. Nous faisons de notre possible pour corriger le souci au plus vite.

Cette chose étrange en moi, de par sa longueur et sa densité, fait partie de ces romans-fleuves qui nécessitent un temps d'adaptation avec sa foultitude de personnages et ses multiples intrigues. C'est aussi et surtout le livre d'une ville, pendant un quasi demi-siècle, Istanbul, si chère au prix Nobel Orhan Pamuk. Une cité en pleine mutation dont la population ne cesse de croître au fil des années alors que les us et coutumes séculaires cèdent progressivement le pas à une modernité moins chaleureuse. Le héros du roman, Mevlut, que l'on suit depuis son enfance, vient d'Anatolie et accompagne son père dès son plus jeune âge dans les rues d'Istanbul. Lui aussi sera vendeur de rue, de yaourt puis de boza, cette boisson fermentée qui a le goût désuet de l'empire ottoman. A travers Mevlut, homme modeste, honnête, optimiste, fidèle, candide et un peu craintif, l'auteur rend hommage au petit peuple de sa ville. Et décrit une existence en marge de l'histoire contemporaine de la Turquie mais qui en ressent les contrecoups sociaux. Mevlut est le fil conducteur de Cette chose étrange en moi, dans un récit foisonnant qui fourmille d'événements sentimentaux, familiaux, immobiliers, ... Un héros droit dans ses bottes dont la femme de sa vie, qu'il a enlevé selon une tradition locale bien établie, n'est pas celle qui l'avait séduit. Ce quiproquo initial permet au roman de rebondir à plusieurs reprises, au fil du passage du temps. Très souvent, Pamuk donne la parole à d'autres protagonistes proches de Mevlut, ce qui enrichit encore le livre et lui donne un caractère polyphonique. Fresque ouvragée, colorée et riche en détails et en menues anecdotes, Cette chose étrange en moi est de ces livres qui ne peuvent se lire que lentement et dont est contraint se déprendre avec une sorte de tristesse nostalgique.

Cinephile-doux
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Mes Livres de 2017

Créée

le 23 déc. 2017

Critique lue 317 fois

3 j'aime

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 317 fois

3

D'autres avis sur Cette chose étrange en moi

Cette chose étrange en moi
Specliseur
8

Une destinée familiale sur quatre décennies face à l’inexorable évolution d’Istanbul

Cela faisait longtemps que je voulais lire une œuvre d’Orhan Pamuk.A vrai dire, je ne savais pas vraiment par laquelle commencer. Puis je suis tombé sur Cette chose étrange en moi. Le fait que le...

le 6 juil. 2020

2 j'aime

Cette chose étrange en moi
Gwen21
9

Critique de Cette chose étrange en moi par Gwen21

J'ai bien cru que je ne viendrais jamais à bout de ce pavé, et pourtant je m'en serais voulu de passer à côté. Quelle somme de travail, quelle fresque, monsieur Pamuk ! L'auteur justifie pleinement...

le 9 sept. 2017

2 j'aime

Cette chose étrange en moi
Hunkarbegendi
8

Critique de Cette chose étrange en moi par Hunkarbegendi

Paru en 2014, Cette chose étrange en moi ( traduit par Valérie Gay-Aksoy) est le 9ème roman d'Orhan Pamuk. Sa rédaction, qui dure six ans, commence en 2008, l'année de sortie du Musée de l'innocence...

le 9 déc. 2023

1 j'aime

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

76 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

76 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13