"Comme un petit pois au fond d'un plat."

Cerise est une petite seule très seule. Top timide, trop petite et trop boulotte, les autres enfants de l'école se moquent d'elle.
Alors Cerise a son monde à elle : elle dévore les livres d'aventure (pirates et Jules Verne) et se cache à la bibliothèque, où quelquefois elle croise le bel Angelo qu'elle n'ose aborder.
Son père tient la fourrière, et souvent elle s'y retrouve pour l'aider, notamment à nettoyer.
Un jour, dans une cage, elle découvre une petite boule de poil toute plissée, à l'oeil triste. Immédiatement Cerise s'entiche de ce shar-pei et le nomme Griotte.
Cerise n'est plus seule, et parcourt la ville avec son chien, prenant de l'assurance... Seulement, il faudra peut-être un jour rendre le chien à son maître...

Benjamin Lacombe offre un bel album, tout crayonné, aux couleurs douces, très sombres dans les premières pages, puis s'éclaircissants par la suite. Il s'affranchit des cadres classiques, et ose des angles de vue variés et très cinématographiques, donnant une véritable force à ses dessins. Une intensité renforcée par un côté massif, qui prend toute la page, et qui ne fourmille pas de détails (sauf quelques exceptions, comme la poupée Sally tirée de l'Etrange Noël de Monsieur Jack posée sur l'étagère de sa chambre, à côté de livres d'Edgar Alan Poe, Jules Verne et Harry Potter) : l'histoire est centrée sur Cerise, sa place dans l'image, et par métaphore dans le monde.

C'est une jolie histoire apprenant que la solitude est pénible mais qu'il y a des refuges (les livres), et qu'elle n'est pas non plus une fatalité (amitié avec Griotte, et fin pleine d'espoir qu'on voit venir à des kilomètres).
Lacombe rappelle aussi qu'il y a souvent moins chanceux que soi (Griotte qui se fait houspiller dans un parc), ce qui aide à trouver sa propre force (Cerise qui la protège).

Bref.
Une jolie histoire magnifiquement illustrée (quand on aime le style de Lacombe), qui se lit dès 5 ans, donne plusieurs petites leçons de vie.