J'ai eu beaucoup de mal avec la langue du roman : ces surnoms incompréhensibles et prénoms supposés nous faire rentrer dans le terroir du grand Est (Fus, Gillou, Jacky...), répétés 15 fois par page, des mots par-ci, par-là, incohérents avec le ton général...
De ce côté-là, Ce qu'il faut de nuit ne parvient jamais à aller chatouiller Et leurs enfants après eux ou encore Fief, romans plus aboutis écrits pas des auteurs plus chevronnés qui sont parvenus à trouver une vraie langue qui porte le récit et en fait partie intégrante.


Et cette première partie, assez plate, répétitive, qui, à force de ressasser l'absence de communication entre un père et son fils dont il ne comprend plus les choix politiques et les fréquentations, a failli me faire lâcher le roman après 120 pages.


Heureusement que je ne l'ai pas fait.
La deuxième partie du roman est bien plus intéressante et les ficelles dramaturgiques ne fonctionneraient pas aussi bien sans la première partie dont on comprend alors mieux l'obsession et l'application à nous faire vivre les journées mornes et sans saveur de cette famille mutique, condamnée par son incapacité à surmonter ses non-dits et ses différends politiques.
Le roman aborde alors avec beaucoup de délicatesse les questions du pardon, de l'amour filial, de la violence sociale, de la responsabilité face aux (mauvais) choix du père comme du fils, des conséquences qu'un drame peut avoir sur l'entourage proche comme élargi avec, comme point d'orgue, un final qui laissera peu de lecteurs insensibles.


Bravo à ce nouvel auteur pour un roman bien plus riche et marquant que ce que la première centaine de pages pouvait laisser penser.

Ouaicestpasfaux
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le 20 nov. 2021

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Ouaicestpasfaux

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