un premier roman prometteur mais un peu sous exploité

Ce qu'il faut de nuit est un court roman de Laurent Petitmangin, qui s'inscrit dans la tradition de ces romans s'enracinant dans ces bassins industriels ou minier, abandonné de tous ; où on suit les déboires de famille plus ou moins touché par le chômage, les fermeture d'usine, le désespoir.

Bref, on est pas là pour se fendre la poire.

L'auteur fait le choix que je trouve très difficile de faire parler le personnage principal à la première personne. En l’occurrence, un père de famille, qui tract pour les socialistes en essayant d'élever ses 2 gosses du mieux qu'il peut depuis que sa femme (« la moman ») est morte d'un cancer.

On découvre par la parole du père comment il essaye d'accompagner du mieux qu'il peut son grand, Fus, notamment via la pratique du foot que Fus pratique ou via le FC metz que les 2 supportent ; et comment il essaye de donner toutes ses chances à Gillou, le 2e, qui vise des étude à Paris.

Mais un beau jour, le père apprend que Fus traîne avec les jeunes fachos qui tractent pour le FN. Le dialogue qui était déjà minimal entre les 2 devient monosyllabiques, tout en colère rentré, en frustration et en incompréhension. Jusqu'à un drame plis grand encore, où le père devra choisir entre ce silence pour éviter la confrontation ou l'acceptation de son rôle de père et le lot d'incompréhension qu'il faut embrasser quand on tient ce rôle.

Le sujet du roman n'est pas des plus originale, mais le traitement est sympathique. Comme la plupart des romans voulant faire parler, parler vrai, parler pauvre ; je trouve que l'on est souvent pas loin de la caricature. Mais je suis assez difficile en la matière (seul Romain Gary, René Goscinny et plus récemment Dimitri Rouchon-Borie trouve grâce à mes yeux dans cet exercice difficile).

La question de la masculinité dans la parentalité est très intéressante, mais je trouve que l'auteur reste trop silencieux, à l'image de son narrateur, pour vraiment me contenter sur cette question.

Enfin, les enchaînements entre les scènes se font parfois de manière abrupte, sans doute pour nous signifier quelque chose, mais j'ai eu du mal à comprendre quoi, et je n'ai donc eu que l'impression d'un roman qui avançait par à-coups.

Vous l'avez compris, je n'ai pas été subjugué par ce roman, sans non plus le trouver franchement mauvais. J'y ai descellé plein de bonnes idées que j'aurais aimé voir mieux exploité. Mais comme premier roman, c'est agréable, et je surveillerai la suite de l’œuvre de cet auteur.

Homegas
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Livres lus en 2022

Créée

le 23 mai 2022

Critique lue 10 fois

Homegas

Écrit par

Critique lue 10 fois

D'autres avis sur Ce qu'il faut de nuit

Ce qu'il faut de nuit
Lubrice
9

Sublime !

Publié sur L'Homme Qui Lit : Il y a un phénomène étonnant qui me plait beaucoup dans mes lectures, dont je ne saurai pas dire s’il tient d’un hasard qui se répète, d’un choix inconscient, d’un sens...

le 13 oct. 2020

6 j'aime

Ce qu'il faut de nuit
Cannetille
10

Coup de coeur

Depuis le décès de son épouse, le narrateur élève seul ses deux fils dans cette petite ville de Lorraine. Cheminot à la SNCF et encarté à gauche, il voit avec la plus grande incompréhension son aîné...

le 24 févr. 2021

4 j'aime

Ce qu'il faut de nuit
Cyriellebourgeonne
9

Critique de Ce qu'il faut de nuit par Cyriellebourgeonne

Je n'ai pas envie de trop en dire, sans doute encore touchée par ma lecture de ce roman qui se dévore. J'ai le sentiment d'avoir lu une petite pépite assez unique, que j'ai envie de lire et relire...

le 18 août 2020

4 j'aime

Du même critique

Quand tu écouteras cette chanson
Homegas
9

Nous sommes les oiseaux de la tempête qu'annonce la petite juive qu'on force à sourire

Ce court roman de Lola Lafon s'inscrit dans la collection "Une nuit au musée", où des auteurs et autrices sont amenées à écrire un texte après avoir passer une nuit au musée (de leur choix me...

le 28 oct. 2022

4 j'aime

Ton absence n'est que ténèbres
Homegas
6

épigénétique de l'amour et de la mort

Ton absence n'est que ténèbres de Jón Kalman Stefánsson commence dans une église où se réveille le narrateur de cette histoire, saga familial dans l’Islande à travers les décennies. Ce narrateur...

le 19 déc. 2022

3 j'aime

Orelsan : Montre jamais ça à personne
Homegas
7

Si l'amour rend aveugle, je crois que l'amitié ça crève les yeux.

N'étant pas un fan absolu d'Orelsan, ni un néophyte totale de son univers, je n'attendais pas grand chose de ce programme Amazon Prime, contrairement à la personne qui m'a entraîné dans ce...

le 16 nov. 2021

3 j'aime