C’est le goût que laisse cet ouvrage en bouche.
Cela ne sert à rien que je fasse l’éloge de l’auteur en lui-même, Kazuo Ishiguro fût récompensé en 2017 d’un prix Nobel en littérature (et il le mérite amplement selon moi).


Parlons du plus important, de l’œuvre elle-même :
On y retrouve Kathy, une jeune femme qui va nous parler de son enfance dans un orphelinat au milieu de la campagne anglaise accompagnée de Tommy dont elle amoureuse et Ruth, la petite amie du fameux Tommy.


Un triangle amoureux qui pourrait être banal… sans compter le vrai propos du récit.
Car même si la romance est mise en avant au départ ce n’est que pour mieux surprendre le lecteur par la suite. Il s’agit en réalité d’une dystopie bien rodée. De vraies questions morales et philosophiques sont posées, toutes dérangeantes.


Là est le grand écart qui vaut un coup de cœur de ma part:


Entre la tendresse et l’indignation.


Comment donner une idée de l’ambiance si particulière qui règne... Le cadre rappelle ceux des romans de Jane Austen, le retour de l’héroïne dans ses souvenirs fait écho au travail de Proust. L’écriture simple mais transperçante me fait penser à Zweig.
Mélanger ces univers et vous avez l’atmosphère proposée par Ishuguro. (Lisez le livre en anglais si vous en avez l’occasion, autrement vous êtes pardonné. Vous le lisez c’est déjà bien !)


Malgré tout on le sent, on le sait quelque chose ne va pas. Et il faut attendre le milieu de ce court roman (-de 300 pages) pour comprendre toute la portée de ce dernier. Un passage, une phrase seulement qui va confirmer les doutes et qui va rendre cette ambiance, autrefois si envoutante, pesante.


On a désormais envie de hurler devant l’injustice et devant le manque de réaction des personnages qu’on a en sympathie. Cependant il faut se rendre à l’évidence, pour eux cette injustice est normale. Ils l’ont su sans vraiment le savoir puis quand ils ont enfin réalisé, ils se sont résignés.
Et c’est ce qui fait le plus mal dans cette histoire : le fait d’endurer, sans rien dire parce que cela est inutile.


Je l’ai lu en une traite, envoûtée par le récit et je n’en suis ressortie qu’après plusieurs jours partagée entre le plaisir d’une subtile et belle lecture et l’insurrection contre un système inhumain.


Une douceur amère.

IMamma_Mia
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le 8 juin 2019

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IMamma_Mia

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