A la lecture de ce petit recueil de nouvelles on se fait une petite idée synoptique du personnage haut en couleur qu'était Charles Bukowski. Un type hors du commun (seulement au sens, éloigné de la masse) ayant vécue une vie de débauche et de bacchanales.


Bukowski, sans doute, retranscrit finalement une grande partie de lui même dans ces nouvelles. De ses expériences des "moins que rien" (au sens non péjoratif, bien entendu), de ce peuple d'en bas, des oubliés, ceux qui n'ont pas le droit à l'attention et à la parole. Une société en pleine déliquescence. L’envers du rêve américain en somme.


Le ton est donc très mature, sordide, glauque, cru, noir et tourne la plupart du temps autour de l’alcool, la perdition, le désespoir, le sexe (on le ressent, une véritable obsession chez lui), de manière directe, décomplexée, et mettant en scène des personnages indigents véritablement dépravés, névrosés et excentriques.


Pour autant, le livre n'est pas là pour plomber le moral, et même si ce n'est pas la joie qui transpire de ces écrits - les sujets étant plutôt sérieux - la plupart du temps, un côté absurde, pathétique tourné d'une manière comique fait naitre sur le visage du lecteur un sourire. Des nouvelles crues mais en même temps - parfois - amusantes. Bukowski maniant finalement les deux extrêmes avec doigté.


La plume de Bukowski est elle acerbe, sarcastique, directe, ascétique, sans fioritures stylistiques et digressions en tout genre, la narration étant elle aussi loin d’être capillotractée. C’est sans doute un style très travaillé et voulu, mais pour ma part je trouve que sa prose manque un peu d’épaisseur et n'arrive pas pleinement à me charmer, à me tenir accrocher au bouquin (bien que certaines phrases valent vraiment le détour !).


On le rapproche souvent de John Fante (notamment pour son Demande à la poussière), mais je préfère de très loin ce dernier, qui je trouve, au-delà du style viscérale, a pour ma part, plus de choses à dire et le fait d’une plus belle manière.


Finalement je trouve ces histoires - très courtes et assez irrégulières - un peu « creuses », même parfois un peu clinquantes (regardez comment je raconte ce que personne d'autre ne met en avant !), et finalement, son univers m'étant finalement très éloigné, je peine à véritablement m’intéresser grandement à ce qu’il raconte, bien que la lecture d'Au sud de nulle part ne soit pas du tout rebutante et ennuyeuse. Soyons clair.


Néanmoins, je dois bien avouer que je ne suis pas un grand amateur des recueils de nouvelles. J'essayerai donc de me plonger dans un de ses romans pour me faire un avis plus complet sur ce paltoquet atypique.


Un auteur à lire au moins une fois en tout cas.

Créée

le 3 juin 2015

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