Aria
7.6
Aria

livre de Nazanine Hozar (2020)

La fillette qui portait un prénom de garçon

Aria est une fillette de Téhéran qui porte un prénom de garçon. On lui en fait la remarque tout au long du roman de Nazanine Hozar, elle-même née en Iran mais qui l'a quitté tôt pour rejoindre le Canada. "Un Docteur Jivago en Iran" ainsi Margaret Atwood qualifie t-elle le livre de sa compatriote, une assertion quelque peu audacieuse même si la fin de l'ouvrage se déroule pendant la révolution islamique. Il s'agit avant tout d'une fresque qui se développe autour de son héroïne durant prés de trente ans, du temps du Shah aux événements qui porteront l'ayatollah Khomeini au pouvoir avant la guerre contre l'Irak. Les personnages sont nombreux, de confessions diverses (zoroastriens, chrétiens, musulmans), pauvres ou aisés selon le quartier de Téhéran où ils habitent. Et ils ne sont surtout pas unidimensionnels, c'est l'une des grandes qualités du livre, complexes dans leur psychologie, à l'image de Zahra la mère adoptive d'Aria, laquelle a été abandonnée à la naissance. Sans aucune des béquilles habituelles des romans contemporains (narrateurs multiples et/ou désordre chronologique), Nazanine Hozar déroule une histoire dense aux ramifications nombreuses, sans jamais nous perdre. Aux frontières du mélodrame, la romancière alterne tendresse et cruauté des comportements et ne cède à aucune facilité dans une langue ample et colorée. Nul doute que le livre pourrait donner un grand film de cinéma mais même avec le talent du David Lean du Docteur Jivago, il ne pourrait jamais atteindre cette sorte d'intensité intime, c'est un presque un oxymore, de ce très beau roman, hommage au peuple d'un pays martyrisé depuis presque toujours par la soif de pouvoir et l'obscurantisme de ses dirigeants.


Un grand merci à NetGalley et aux éditions Stock.

Cinephile-doux
7
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le 1 sept. 2020

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Cinéphile doux

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