C'est qu'on regrette la lamentable édition proposée par la maison Pika ; et les autres membres n'ont pas manqué de le faire remarquer. Le lien entre le texte et les images n'est pas toujours explicite, et celles-ci sont parfois trop petites et illisibles ; des notes du traducteur auraient peut-être été utiles. Du reste, le livre ne se balade pas partout et il semblerait que Pika ait davantage pensé son édition pour la jeunesse.


Pourtant, difficile de ne pas tomber sous le charme de l'univers de M. Mizuki, et de ses créatures toutes aussi singulières les unes que les autres. Tantôt convaincu de l'existence des démons et esprits qu'il présente au lecteur, le plus souvent sceptique et rationnel, l'auteur propose un dictionnaire satisfera sans doute les amateurs et de fantastique et de sociologie. On retrouve bien là le style singulier de Mizuki, pas terriblement épouvantable, mais par moments plutôt dérangeant ; en tout cas rien qui ne s'éloigne de ce que l'on peut retrouver chez ce repoussant Kitaro.


Délicat d'expliquer pourquoi j'aime autant le Dictionnaire (il s'agit davantage d'une encyclopédie ; un genre regrettablement désuet aujourd'hui) ; peut-être pour ces micro-fictions pénétrantes que rapporte l'auteur à chaque page quasiment ; peut-être pour ces souvenirs de jeunesse de Mizuki que l'on retrouve - il arrive - au détour d'une entrée ; peut-être pour ses passages étonnamment savants ; sûrement pour ces clichés uniques d'un Japon mystique, et toutefois oublié. Mais nul doute : il a alimenté la culture populaire de l'archipel, et son imaginaire horrifique (celui de la J-Horror), et continue de le faire. On aimerait que le livre soit plus long ; que l'auteur ne cesse jamais d'écrire. Et pourtant ! l'on arrive bientôt à la dernière entrée et nous voilà déjà pris par le besoin de tout recommencer.


Dommage qui si peu d'ouvrages cités soient traduits en français ou trouvables facilement en anglais ; le lecteur aurait aimé approfondir ses connaissances et reste - malgré l'érudition du texte - quelque peu sur sa faim. Mais si ce n'est pas le texte le plus littéraire sur le folklore de l'archipel, qui me soit tombé entre les mains ces dernières années, je ne manquerai pas de saluer sa simplicité, et la facilité avec laquelle il nous persuade de la réalité de tout son bestiaire.


C'est qu'on regrette encore la disparition de l'un des plus grands maîtres de l'horreur.

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le 2 nov. 2019

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