Excellent cru pour ce roman dur de Simenon, qui figure pourtant parmi ses plus méconnus.
Certes, le type psychologique du héros est toujours similaire d'une œuvre à l'autre, surtout au sein de cette période des années 50, mais l'originalité réside ici dans le métier exercé, en l'occurrence président d'une cour d'assises de Province.
Du coup, on assiste intégralement au procès d'un jeune mécanicien, accusé d'avoir tué sa femme infidèle. Chaque étape est minutieusement décrite, et le défilé des témoins est l'occasion pour Simenon de croquer des personnages plus vrais que nature, comme Gelino le camelot cabotin ou Louise Bernet, vieille fille qui parle à son chat.
Dans le même temps, on assiste à la crise conjugale traversée par le personnage principal et son épouse, plus ou moins malade imaginaire, que notre juge s'imagine soudain soupçonné de l'avoir assassinée, s'identifiant ainsi à l'accusé du procès.
La plupart des thèmes chers à l'écrivain liégeois apparaissent en filigrane dans "Les témoins", qui s'achève comme souvent par un dénouement abrupt et légèrement frustrant.