Tout le monde sait que l'obéissance aveugle est la clé de voûte du nazisme et de la réussite d'une vaste entreprise de déportation, qui a débuté vers 1933. La SS a fait vœu, dès sa création pour l'organisation des camps de concentrations ou camps de rééducations (déportés politiques, émigrés, homosexuels, sectateurs de la bible, alcooliques, criminels, asociaux, juifs, communistes), d'une soumission totale, indéfectible au führer, bannissant le moindre signe de pitié, pouvant altérer le bon fonctionnement de l'entreprise concentrationnaire.
Ce livre à fait l'objet de nombreuse rééditions et l'on peut comprendre pourquoi : les aveux du chef de camp d’Auschwitz auraient pu être extorqués par ses geôliers à Vilnius, le doute est permis. Il n'empêche, chaque page du livre est annotée par des historiens qui valident ou remettent en question chaque propos. Ce livre est important car les confessions d'un nazi sont plutôt rares ; d'ailleurs, Rudolf Hoess sera le seul condamné à Nuremberg à reconnaître ses responsabilités et surtout à admettre la réalité concentrationnaire et la mise en place d'un génocide planifié.

“ Pour un SS, un ordre supérieur est formel (la plupart des décisions, arbitraires ou pas, étaient oralement transmises, rarement écrites) : Eicke, alors chef de camps, sur ordre d’Himmler, voulait supprimer chez les SS tout sentiment de pitié à l’égard des internés. Ses discours, les ordres dans lesquels il insistait sur le caractère criminel et dangereux de l’activité des internés, ne pouvait rester sans effets. Sans cesse endoctrinées par lui, les natures primitives et frustre concevaient à l’égard des prisonniers une antipathie et une haine difficilement imaginables pour les gens du dehors. L’influence de Eicke s’est fait sentir dans tous les camps de concentration, sur toute la troupe et les officiers SS qui y étaient affectés et elle produit son effet bien des années après que Eicke eut quitté son poste d’inspecteur.
C’est pas cette attitude haineuse que s’expliquent tous les sévices, toutes les tortures qui furent infligés aux internés des camps de concentration.
Eicke, le jour de la déclaration de guerre, prononça un discours devant les chefs des troupes de réserve, appelées à remplacer dans les camps les unités de SS d’active. Il insista sur la nécessité d’appliquer les dures lois de la guerre. Chaque SS devait désormais oublier sa vie précédente et engager son existence entière. Il devait considérer chaque ordre comme sacré et l’exécuter sans hésitation, même si cela lui paraissait pénible. Le Reichsführer des SS, nous dit-il, exigeait de chacun des Führer qui lui étaient subordonnés le sacrifice total de sa personnalité dans l’accomplissement de son devoir à l’égard de la nation et de la patrie.”

Rudolf Hoess, “Le commandant d’Auschwitz parle ”.
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le 1 mai 2014

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