En septembre 2011, un roman nord-coréen était traduit pour la première fois en français, aux éditions Actes Sud. Deux amis, non dénué de qualité littéraire, permettait de découvrir une facette inattendue d'un pays dont le quotidien nous est très peu connu. Le camp de l'humiliation n'a pas grand chose à voir avec ce livre, rédigé par une romancière nord-coréenne qui a fui pour la Corée du Sud dans les années 2000 et qui écrit sous le pseudonyme de Kim Yu-kyeong. L'ouvrage décrit un véritable enfer, celui vécu par un journaliste nord-coréen, sa femme et sa mère, arrêtés pour des raisons inconnus d'eux et immédiatement transférés dans un camp de travail où les brimades sont monnaie courante et la survie la seule espérance possible. La romancière décrit cet univers avec un luxe de détails sidérant, s'insinuant dans l'intimité des ses trois personnages auxquels s'ajoute un autre, un gardien, qui a des vues sur la femme du journaliste. A la limite du supportable dans son compte-rendu des faits et gestes des prisonniers du camp, Kim Yu-kyeong y mêle une intrigue perverse où la suspicion et la haine viennent contaminer l'équilibre précaire de la famille internée. C'est une sorte de thriller ou de roman noir qui se déroule sous nos yeux, peu avare de scènes atroces où la dignité humaine n'a plus sa place. Le dernier quart du livre est d'autant plus surprenant, dans un environnement différent (il serait criminel d'en dire plus) mais où certains des personnages du livre vont continuer à se déchirer. Au-delà de la dénonciation sans ambages du fonctionnement du régime de Pyongyang et de sa manière de traiter ses opposants politiques, qu'ils soient avérés ou non, Le camp de l"humiliation vaut surtout pour ses qualités de narration et son sens du suspense, même si la dernière partie est un peu moins crédible que le reste. Mais elle est très romanesque et fait du livre autre chose qu'un simple (!) brulot anti Corée du Nord.

Cinephile-doux
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le 20 juil. 2019

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Cinéphile doux

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