Maurice Jaubert et Maryline Desbiolles

Maryline Desbiolles est une écrivaine née en 1959 à Ugine, en Savoie. Plus tard, elle déménagera dans le Sud, conquise par la région, et plus particulièrement à Nice, un élément très important dans la plupart de ses romans.

C'est dans un collège de la ville, pour une intervention en classe, qu'elle fait la connaissance du nom de Maurice Jaubert. Le collège porte son nom. Elle a déjà la sensation de le connaître, et ce n'est que plus tard, quand les souvenirs reviendront avec le visionnage du film La chambre verte de François Truffaut qui avait repris la musique de Jaubert, qu'elle décidera de se lancer dans l'écriture de la vie de cet homme.

Car Maurice Jaubert fut compositeur. On le connaît surtout pour la musique de grands films français du deuxième quart du XXième siècle. Nana par Jean Renoir, le polémique Zéro de conduite et l'Atalante de Jean Vigo, Un carnet de bal et La fin du jour de Julien Duvivier, Drôle de drame, Le jour se lève et surtout Le quai des brumes de Marcel Carné sont quelques grands films qu'il mettra en musique. Mais aussi plusieurs morceaux de musique classique, et d'autres accompagnements de pièce. A cela s'ajoutèrent de nombreux écrits, quelques conférences, et un soutien sans faille à la grande revue l'Esprit.

Mais derrière ce génie se cachait pourtant un homme simple, honnête et généreux. Aimant sa mère et sa femme, comme le montre sa correspondance, et fidèle et protecteur envers la compagnie du génie qu'il dirigea pendant la seconde guerre mondiale. Il fut mobilisé, et mourut quelques jours avant l'armistice de 1940, dans des conditions regrettables.

De cet homme remarquable à de nombreux points de vue, Maryline Desbiolles ne prend pas le parti de la biographie romancée. Ou plutôt, s'il faut parler de romance, c'est celle qui s'est nouée entre l'auteur et son sujet. Maryline ne cache pas son admiration pour Maurice, ni l'attirance qui s'est crée et s'est imposée à elle. Car au-delà de la beauté de son caractère ou de son talent, le compositeur partage avec l'auteur un amour profond pour une région, le Sud, qui les rapproche. Ses recherches, copieuses, sont enrichies des voyages qu'elle a pu faire et qu'elle nous retranscrit, presque fébrilement.

L’auteur avait déjà utilisé la biographie d'une autre personne pour mieux la relier à sa propre vie, mais l'exercice est parfois un peu nombriliste pour être apprécié. C’est ici bien plus agréablement raconté, grâce au lien très fort entre les deux mais à sens unique et qui ne peut vivre que grâce à la littérature entre deux personnes très différentes, qui ne sont pas sur le même plan. Le beau temps, qui est celui d'une région mais aussi des jours heureux de Maurice Jaubert, n'est pas un banal documentaire, même s'il s'agit bien de la retranscription, certes sensible et fragile, d'une vie. C'est un lien, une proximité, entre l'auteur et son sujet, pour un roman où s’entremêle l'érudition et les sentiments.