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L'avantage du style de Franz-Olivier réside dans sa simplicité, sa fluidité. Très facile à lire, en deux jours, c'est plié (alors que je suis plutôt du type lent, très lent lecteur).

Giesbert ose aussi un vocabulaire et une syntaxe qui se distinguent du commun : des tournures approximatives, une terminologie oubliée, des néologismes. Bref, l'auteur a une délicieuse audace qui n'est pas sans malice. Frais de gout. Plaisir de lire pour la forme d'abord.

Très vivant, le récit enveloppe le lecteur, le tient attentif pour peu que la politique lui soit d'un intérêt particulier. Avec ma pomme, c'est gagné. J'ai beaucoup aimé à me replonger dans cette période. Ces deux décennies (86-06) qui ont construit la France d'aujourd'hui sont décrites avec précision. Instructif. On découvre les coulisses au sommet de l'Etat et on ne cesse d'être surpris par les relations qui se nouent et dénouent dans le vacarme puéril de ces hommes et femmes obnubilés par leurs nombrils et donc oublieux de la chose publique (res publica). Surtout on s'étonne du manque d'intelligence d'un bon nombre de ces politiciens. On voit bien le gouffre béant entre eux et la réalité quotidienne du commun des mortels. On devrait pouvoir se méfier de cette vision des choses. Il y a quelque chose de démagogique à pointer du doigt les errements éthiques de la classe dirigeante. Pourtant, je le déplore, cette vision est bel et bien le fruit d'une réalité incontournable.

Ecrit en 2006, Giesbert ne sait pas encore le destin de la droite et de la gauche qu'il ausculte. Le regard est par conséquent encore innocent des années Sarkozy et Hollande bien entendu. Intéressant.

Seul petit reproche personnel, j'ai parfois la sale sensation que Giesbert surjoue les dialogues, les met trop en scène (pour être vrais) et du coup, ils perdent en crédibilité. Dommage, surtout s'ils dépeignent une vérité historique, ce qui est plus probable après tout. Soit que le journaliste prend le dessus et qu'il joue avec l'Histoire pour la rendre plus sexy, soit que le romancier s'amuse à mener son lecteur par le bout du nez, car l'on sent que l'auteur aime la politique et les mots. Quoiqu'il en soit, on sent sûrement plus l'ambition chez Giesbert d'être, non pas un biographe, ni un historien académique, mais plutôt un mémorialiste à la St-Simon, un témoin de son temps, autorisé à la subjection.

La tragédie d'un président est un ouvrage facile à lire, instructif, voire pédagogique, pour celui qui ne s'irrite pas des petites saillies ultra libérales que l'auteur place ici ou là en rappel de l'orthodoxie économique mondialisée.
Alligator
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le 4 oct. 2014

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Alligator

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