Sale temps au Daghestan

Le CV d'Alissa Galieva, dont le roman La montagne du festin vient de paraître chez Gallimard, près de 5 ans après sa sortie en Russie, est particulièrement instructif. Critique littéraire à Moscou, elle a toutes ses racines au Daghestan, cette république fédérale russe, située en plein Caucase. Alissa Galieva a débuté en littérature par une novella, qu'elle a signé d'un nom d'emprunt, masculin. La montagne du festin est une dystopie, son fil conducteur étant la rumeur persistante qu'un mur va être érigé pour séparer le Daghestan de la Russie. Une situation qui provoque un certain nombre d'effets dévastateurs et en premier lieu la montée de l'extrémisme religieux. Le livre évoque l'incroyable patchwork que constitue le Daghestan, dans cette poudrière que constitue le Caucase. L'aspect politique semble bien ce qui intéresse au premier chef la romancière dans le sens où l'on a bien du mal à s'intéresser à son personnage principal, Shamil, qui semble aussi perdu que le lecteur dans les contractions intestines d'une région particulièrement tourmentée. L'on tourne les pages de La montagne et le festin avec l'envie de comprendre les enjeux mais aussi en regrettant que l'aspect narratif soit aussi confus devant ce qui devient parfois une oeuvre chorale où l'on a bien du mal à identifier qui est qui. Autre écueil : l'usage très fréquent (au moins trois fois par page) de termes de la langue Anvar, ce qui oblige à se référer au lexique en fin d'ouvrage. La lecture est donc hachée et contribue à ne jamais avoir de repères dans ce livre qui serpente de façon insaisissable. A part le fait qu'il fait un sale temps au Daghestan et que cela n'est pas près de changer, l'on a du mal à retenir autre chose dans ce roman qui, soit dit en passant, a dû être aussi difficile à traduire ... qu'à lire.