La Reine des Pommes
Chester Himes ("the five cornered square" 1958)
[èd. Folio Policier]



" Je les trouverai, même si je dois sonder toutes les caves de
Harlem.
- Mec, Saint Pierre lui-même, il connaît pas toutes les caves de Harlem. J'ai connu un vieux père rat qui s'était si bien paumé
là-dedans qu'il s'est retrouvé dans un trou d'égout, en tête-à-tête
avec une anguille."



" Le jeune Noir, tel un patineur virtuose, fit un virage abrupt dans
la rue glacée et fonça comme un dément.
- Je suis pressé, lui dit Jackson.
- Eh bien, je me dépêche.
- Mais je ne suis pas pressé d'aller au Ciel.
- On n'y va pas, au Ciel.
- C'est bien ce que je crains."



" Les badauds s'esclaffèrent et un frère noir énonça:
- Une belle à peau noire f'rait dérailler un train de marchandises, mais pour une belle à peau de miel, l'évêque brûl'rait son église."



    Chester Himes déclarait que Dashiell Hammett (à l'instar de Dostoïevski) faisait parti de ses influences littéraires. On retrouve ce même style d'écriture très "pulp" caractéristiques des fictions publiées dans les magazines de l'époque: épuré, allant droit au but, ne s'embarrassant pas de fioritures et vaines descriptions interminables.
D'entrée de jeu, trois éléments frappent le lecteur. 1- Le roman est principalement rédigé en langage argotique. 2- L'oeuvre est une plongée sans concession dans le quartier noir de Harlem à New York. 3- Le récit est emballé à un rythme effréné dès le premier chapître.
Cependant, une fois l'exposition achevée (jusqu'à la rencontre avec Goldy), le roman s'enlise dans les longueurs. Les chapîtres se suivent sans avancée de l'intrigue, ni des enjeux. Difficile de trouver la motivation pour continuer la lecture quand rien ne vient entamer l'avidité des personnages, ni la naïveté du héros.
Les actions s'enchaînent à un rythme très soutenu, faisant penser à un scénrio de film qu'on aurait romancé. Deux traits des plus appréciables à retenir de ceci: le style Pulp n'empêche pas Himes d'y faire pointer quelques élans poétiques du plus bel effet; et les "scènes d'action" (course-poursuites, fusillades, et cetera) sont décrites à la perfection.
Le parti-pris de faire alterner les points de vue pour relater le dénouement de l'intrigue est assez plaisant, d'autant plus que l'auteur s'y adonne avec une indéniable maestria. Par contre, je regrette sévèrement de sacrées incohérences ainsi que des actes illogiques de la part de personnages.

*La Reine des Pommes* n'est recommandable qu'aux adeptes de polars "pulps".

(le 03/09/2016)

Horace_Neville
5
Écrit par

Créée

le 4 sept. 2016

Critique lue 384 fois

1 j'aime

Horace_Neville

Écrit par

Critique lue 384 fois

1

D'autres avis sur La Reine des pommes

La Reine des pommes
socrate
7

Harlem

Tout d'abord, une histoire originale : Jackson, employé dans une entreprise de pompes funèbres, se fait arnaquer et dépouiller de toute sa fortune, croyant qu'il est possible de transformer des...

le 3 mai 2011

4 j'aime

La Reine des pommes
babounet
8

Critique de La Reine des pommes par babounet

Trois "polars" à lire absolument : des personnages délirants, des intrigues rocambolesques, un humour souvent grinçant, bref, tout ce que j'aime...

le 1 oct. 2010

2 j'aime

La Reine des pommes
ConFuCkamuS
8

Do the Wrong Thing

Chester Himes, c'est l'incarnation d'une lutte contre l'injustice, d'une plume qui se fraye un passage à travers l'ouragan. Ironie de l'affaire, c'est en prison que le jeune homme trouva son moyen...

le 15 juil. 2021

1 j'aime

Du même critique

Le Canard siffleur mexicain
Horace_Neville
8

Avis critique sur "Le Canard Siffleur Mexicain"

"Le Canard Siffleur Mexicain" James CRUMLEY (1993) [éd. Folio Policier] "Les gens qui déconnent avec mes amis finissent toujours par s'en mordre les doigts. - Merde, mon vieux, crissa Dagoberto...

le 26 août 2016

2 j'aime

Notre quelque part
Horace_Neville
8

Avis critique sur "Notre Quelque Part"

Notre Quelque Part Nii Ayikwei Parkes (2009) [éd. Zulma] "On ne pense pas à ces choses. C'est comme la lumière. Le jour, il y a toujours de la lumière et on n'y pense pas, mais moi, Yao Poku,...

le 1 oct. 2016

1 j'aime

1

Les Terroristes
Horace_Neville
4

Avis critique sur "Les Terroristes"

Les Terroristes de Maj Sjowall & Per Wahlöö (1975) [éd. Rivage Noir] Une écriture talentueuse dans l'art des descriptions minutieuses (tenues, décors, gestes, et cetera) qui met en relief le...

le 25 sept. 2016

1 j'aime