Ce huitième épisode de la saga Parker est essentiellement consacré aux origines de Charlie Parker. Après avoir perdu sa licence de détective privé, "Bird" travaille désormais comme barman dans le Maine et il utilise son temps libre pour enquêter sur le suicide inexpliqué de son père, intervenu 25 ans plus tôt alors qu'il n'était qu'un adolescent.

"L'empreinte des amants" nous met donc dans la peau de Charlie Parker, le temps d'une enquête moins rythmée qu'à l'habitude. Globalement, Charlie va se contenter de rendre visite aux anciens collègues de son père, désormais tous à la retraite. Certaines langues se délieront facilement, d'autres non... D'un point de vue narratif, ancrer une enquête dans le passé peut s'avérer être un exercice périlleux, et pour garder l'attention de son lecteur, John Connolly n'a pas hésité à inclure au milieu du roman un long flashback d'environ 60 pages centré sur la vie de Will Parker. Révélations garanties.

Depuis qu'il est barman dans un trou perdu du Maine, "Bird" est un peu hors du coup, et on le sent plus seul que jamais. Louis, Angel, Rachel, Sam et les frères Fulci sont moins présents que dans les précédents livres, et cette histoire sert avant tout à mieux cerner le personnage de Charlie Parker. 10 ans après la publication de "Tout ce qui meurt", Connolly revient également sur la mort brutale de Susan et Jennifer Parker (respectivement sa femme et sa fille) : ce double assassinat n'a cessé de hanter le détective privé depuis qu'on suit ses aventures, et avec "L'empreinte des amants", j'imagine que l'auteur a voulu tourner la page une fois pour toutes.

Avec les années, Connolly a su alléger son écriture, et il y a un monde entre ses premiers romans au style surchargé et ce huitième opus qui se lit vraiment tout seul. Comme toujours, l'écrivain irlandais introduit une certaine dose de fantastique dans son récit, et si elle se fait discrète et savoureuse dans les deux premiers tiers du livre (cf. la scène avec les fantômes digne d'un bon vieux Stephen King), l'auteur retombe dans ses travers en abusant du surnaturel dans les dernières pages. Tout le côté conspirationniste et mystique est de trop, et je préfère largement Connolly quand il se contente de décrire pas à pas le déroulement d'une enquête.

Si vous envisagiez de commencer la saga Parker par ce roman, réfléchissez-y à deux fois : John Connolly n'hésite pas à évoquer des "personnages mythologiques" tels que Kittim, Brightwell, le Collectionneur ou le Voyageur sans jamais prendre la peine de les représenter au lecteur. La lecture des précédents opus est fortement conseillée, et vous risquez de passer à côté de certaines subtilités si vous ne commencez pas par le début.

Bref, malgré quelques défauts mineurs, j'ai passé un très bon moment avec ce roman. Les "amants" aux yeux sombres sont des personnages pour le moins originaux, les révélations sur le passé de Charlie sont inattendues, et une fois la dernière page tournée, le détective du Maine semble prêt à prendre un nouveau départ, aussi bien sur le plan amoureux que professionnel. Vivement le prochain épisode !
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le 2 nov. 2011

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